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Read on line, follow the updates of my historic novel The Boutique Robillard, fandom of Gone with the Wind (in English, click on top)

 

 

 

Lisez en ligne mon roman historique, dans l'Amérique de 1876 : La Boutique Robillard, ma suite d'Autant en Emporte le Vent (en français)

Publié par Arlette Dambron

Le même jour, jeudi 11 mars 1876, 16h, Atlanta, Peachtree Street

« Scarlett… » Il ne put rien ajouter d’autre.

Ils restèrent silencieux quelques instants. Elle avait baissé la tête. Il lui mit la main sur l’épaule en signe de commisération.

C’est à cet instant précis qu’on frappa légèrement sur l’embrasure de porte, et qu’Ashley les vit presque enlacés.

Il s’arrêta net. Blême.

oooo

Ils levèrent la tête en même temps.

Tout naturellement, Scarlett se dirigea vers lui pour l’accueillir. Tout signe de sa faiblesse passagère avait disparu de son visage.

« Ashley ! Je suis heureuse de vous voir. Ella a été enchantée de sa journée.» 

Elle ne remarqua pas le teint livide de son beau-frère.

Celui-ci fit un effort sur lui-même pour recomposer sa posture de gentleman flegmatique. Il ignora l’étranger qui, il y a un instant, s’affichait trop proche de la jeune femme.

Ashley lui prit les deux mains, et les porta tour à tour à ses lèvres. Il ne prononça qu’un mot : « Scarlett ». Sciemment, il garda sa bouche sur la peau fine de la jeune femme, plus longtemps que la décence ne le permettait. Pour bien faire comprendre à l’inconnu sa proximité avec leur hôtesse.

Scarlett ne s’offusqua pas, comme si elle était habituée à une telle intimité partagée. Duncan en ressentit une bouffée de jalousie féroce.

Enfin elle se dégagea et regarda tour à tour les deux hommes. « Ashley, laissez-moi vous présenter Duncan Vayton. C’est le maître de la Haute Couture aux Etats-Unis - après l’avoir été à Paris ! » Son ton était enjoué.

Puis elle enchaîna : « Duncan, voici le père de Beau, mon beau-frère, Ashley Wilkes. C’était le mari de ma très chère Mélanie qui nous a quittés.»

Les deux hommes se raidirent et firent un léger mouvement de tête en signe de salutations. Ils se toisèrent silencieusement.

En une fraction de seconde, l’un et l’autre analysèrent la situation : Ashley vit en l’intrus un homme séduisant, plus jeune que lui. Duncan supputa le statut particulier de celui qui n’avait pas eu besoin d’être annoncé par le majordome pour pénétrer dans le salon.

La charmeuse Belle du County de Clayton prit enfin conscience de la tension, tellement palpable dans la pièce. Et cela l’amusa fortement. Comme il était agréable de se retrouver au temps où les frères Tarleton et autres prétendants s’affrontaient à fleuret moucheté pour avoir droit à ses attentions !

Finalement, elle marqua la fin de la partie. « C’est l’heure du goûter. Je vais demander à Prissy de servir les enfants dans la salle de jeu. Du café pour vous, Duncan, et du thé pour vous, Ashley, n’est-ce pas ? Permettez-moi de vous laisser quelques instants. » Puis elle quitta la pièce.

En l’attendant, ils ne firent plus semblant d’être civils. L’atmosphère était à couteaux tirés. Ils se jaugeaient, semblant attendre qui avancerait ses pions en premier.

Ses instructions données à l’office, Scarlett revint. Elle les compara un bref instant. Duncan et sa flamboyance, Ashley à la belle armure ternie…

Elle entreprit de briser la glace entre ses deux soupirants.

«Quelle bonne idée vous avez eue de montrer aux enfants la fabrique de jouets de Parkinson ! La camarade d’Ella lui en avait parlé, et elle me suppliait depuis des mois de la lui faire visiter. »

Ashley sourit. « Ils ont choisi chacun un jouet. Les garçons ont opté pour des jeux de construction assez élaborés, car l’artisan a de l’imagination. Ella a choisi une marionnette animée. Je ne l’avais jamais vue si excitée. »

Scarlett fit une moue de désapprobation. « Ashley, vous n’auriez pas dû les gâter ainsi. Je demanderai à Ella de se conduire plus calmement la prochaine fois. Vous savez comment elle peut être agitée, au point que cela m’irrite parfois.»

Les yeux d’Ashley s’illuminèrent : « Scarlett, comment pourrait-elle concurrencer sa mère, la pétillante enfant qui courait par monts et par vaux à travers les champs, grimpant aux arbres, et entraînant avec elle comme un aimant les garçons des plantations environnantes ? »

L'insouciante Scarlett O'Hara à Tara dans Autant en Emporte le Vent

L'insouciante Scarlett O'Hara à Tara dans Autant en Emporte le Vent

 

A l’évocation d’une Scarlett enfant, l’humeur de Duncan s’attendrit. 

Une fois de plus, l’esprit d’Ashley vagabonda au temps des jours heureux. Cette fois-ci, il le fit sciemment pour marquer son avantage devant celui qui ressemblait très fort à un rival potentiel.

« Vous souvenez-vous lorsque vous êtes tombée dans l’eau ? Il faisait chaud ce jour-là. Je crois que vous faisiez la course avec vos amis. Un des jumeaux Tarleton voulait vous attraper sur la berge. Vous avez glissé. Je revois la scène comme si c’était hier. A cet endroit précis de la rivière, le fond est profond, et le débit de l’eau violent.»

En écoutant le rythme lent et mélancolique de la voix d’Ashley, les pensées de Scarlett furent emportées, elles aussi, vers cet après-midi ensoleillé. « C’était Stuart. Je les avais mis au défi de m’attraper. Le premier qui y arriverait serait récompensé par un baiser.»

Ses yeux accrochèrent ceux de son compagnon d’enfance. Pendant une fraction de seconde, elle n’eut plus conscience de la présence du beau couturier. Seule comptait la douceur de cet été paradisiaque, avant la guerre, quand Ellen et Gerald la protégeaient.

«Je venais voir votre père à Tara. Et je vous ai entendue rire. Je suis descendu de cheval et je me suis approché. Mais vous étiez au milieu de la rivière, agitant vos bras pour essayer de sortir de l’eau.»

« Oui, les jumeaux étaient trop jeunes pour m’attraper et affronter le puissant courant. Vous avez sauté dans l’eau, je vous ai agrippé par le cou, et vous m’avez emportée vers le rivage. »

Le visage d’Ashley était transfiguré, émerveillé par la vision qui venait de resurgir. «Je vous ai prise dans mes bras et vous ai déposée au pied d’un arbre entouré de mousse. Vous trembliez. Votre robe était trempée – comme moi d’ailleurs. Elle était blanche. Je m’en souviens très bien. Le tissu était parsemé de fleurs, des boutons de rose et de grandes feuilles vertes. » 

Ashley plongea ses yeux clairs dans ceux de Scarlett. « Et c’est moi qui ai remporté votre prix. » Sa poitrine s’était soulevé sporadiquement.

Les joues de Scarlett se rosirent au souvenir évocateur.

Le silence tomba dans la pièce.

Duncan ne put en supporter d’avantage. Il était clair qu’on était à cent lieues des rapports fraternels entre belle-sœur et beau-frère. Il se dégageait tellement plus de leurs échanges ! Certes, ils partageaient des souvenirs d’enfance. Mais il y avait autre chose, cela crevait les yeux. Des non-dits, des émotions à fleur de peau…

La jeune Scarlett O'Hara et son chevalier à la blonde armure Ashley Wilkes

La jeune Scarlett O'Hara et son chevalier à la blonde armure Ashley Wilkes

 

Sa jalousie allait le faire exploser !

Il se racla la gorge bruyamment pour tenter de rompre le charme de la scène qui devenait insoutenable.

Cela fut suffisant pour que Scarlett et Ashley revinssent à la réalité.

Scarlett eu un mouvement d’épaules pour chasser les ombres du passé. Sacré nom d’une pipe !  Voilà qu’Ashley a de nouveau réussi à me rendre mélancolique ! Elle avait payé assez cher de remuer la nostalgie lors du fameux jour de son anniversaire. Elle se tança fermement : Seul compte le présent, mes projets et The Boutique Robillard.   

Elle orienta Ashley sur un sujet moins brûlant : « Je vous ai parlé de mon projet de magasin de vêtements de luxe. Grâce à Duncan, sa réalisation va en être facilitée. Il y a quinze jours, il m’a fait visiter sa filature et son atelier de couture à Charleston. Ce fut passionnant. Les clientes fortunées d’Atlanta vont s’arracher les magnifiques robes qu’il a créées. »

Ashley ne releva qu’un mot. Se tournant vers le visiteur : «Vous vivez à Charleston ?»

Avant que Duncan puisse lui répondre, celui-ci surprit le regard interrogatif que l’homme échangea avec Scarlett. Elle cligna simplement des yeux. Sans comprendre pourquoi, il sentit un malaise.

Le jeune couturier répondit d’une voix assurée. « Ma famille est une des plus anciennes de cette belle ville. J’ai passé une dizaine d’années à Paris. Je suis enfin de retour chez moi. »

« Le retour du fils prodigue ! » commenta platement Ashley.

« Oui, malheureusement dû au décès de mon père. Je n’étais revenu un temps dans notre pays que pour combattre auprès des nôtres sur le front. »

Ashley sembla enfin s’intéresser au visiteur. « Dans quelle compagnie avez-vous combattu ?»

Les deux hommes se lancèrent dans une conversation à bâtons rompus sur leurs faits d’armes, ce qui ravît Scarlett, heureuse de constater qu’ils communiquaient enfin.

« Notre Cause était perdue d’avance. Nous étions mal préparés. » L’amertume d’Ashley ressurgissait. « Nous n’avions même pas pensé à prévoir le blocus qui allait nous être inexorablement opposé. Notre belle Armée se battait en loques, faute d’approvisionnement. Nous étions les plus courageux, et aussi les plus misérables à la fin. »

L'uniforme d'Ashley Wilkes en haillons, à la fin de la Guerre de Sécession

L'uniforme d'Ashley Wilkes en haillons, à la fin de la Guerre de Sécession

 

Son compagnon de combat acquiesça. « Je suis d’accord avec vous. C’est pourquoi j’ai utilisé ma filature en France pour qu’elle fabrique des uniformes pour nos soldats. Evidemment, la quantité produite ne représenta qu’un grain de sable, comparée aux besoins de notre Armée. Mais au moins ai-je eu la satisfaction d’apporter un peu de confort à nos vaillants combattants. »

Ashley approuva. Il appréciait objectivement ce que le Charlestonien avait tenté pour la Cause. 

Duncan conclut : «Pour réussir cette action, il m’a fallu me battre pour l’approvisionnement en balles de coton et réduire les délais de confection au-delà du possible. La plus grande difficulté à laquelle j’ai été confronté fut d’affronter les exigences financières usurières d’un briseur de blocus qui refusait d’embarquer mon chargement ! »

Il s’arrêta dans son élan car il venait de surprendre les regards d’entendement échangés entre Scarlett et son beau-frère. Cette complicité évidente, sans qu’un mot n’ait besoin d’être exprimé, commençait à l’irriter fortement.

Puis lui revint en mémoire une allusion que la jeune femme avait faite sur son ami briseur de blocus. Donc, Ashley l’avait connu également, et son anecdote leur avait fait penser à cet aventurier.

Scarlett enchaîna : « Grâce à vous, nos soldats ont pu revêtir des vêtements solides et chauds pendant un temps. »

Ashley rétorqua : «Malheureusement, ce fut loin d’être le cas pour nous tous. Nos vêtements étaient tellement élimés et déchirés que le bel uniforme gris de notre Armée Confédérée se transforma en un ballot de vieilles hardes. Vous souvenez-vous du jour où je suis enfin revenu de guerre ? J’arrivais à peine à marcher. Melly et vous étiez sur le porche de Tara à ce moment-là. »

Scarlett hocha la tête en signe d’assentiment.

« Je ne portais plus que des haillons. Et pourtant… Savez-vous à quel point j’ai lutté pour préserver le plus longtemps possible l’écharpe jaune sous ma ceinture ? »

A nouveau, Duncan surprit une intense interaction entre Scarlett et son beau-frère.

Il eut la certitude que l’homme abordait sciemment ces anecdotes très personnelles pour mieux faire sentir à l’intrus, lui Duncan, que Scarlett appartenait exclusivement au monde d’Ashley Wilkes. Cela fut confirmé une seconde après.

«Sous la pluie, sous la neige, j’essayais de la protéger car elle me rappelait celle qui l’avait cousue pour moi et me l’avez offerte à ma permission de Noël. » Il termina sa phrase d’une voix étouffée.

Scarlett O'Hara offre une écharpe dorée à Ashley Wilkes
Scarlett O'Hara offre une écharpe dorée à Ashley Wilkes

Scarlett O'Hara offre une écharpe dorée à Ashley Wilkes

 

Duncan guetta la moindre réaction de la jeune femme.

D’une intonation qui semblait venir de très loin, celle-ci ajouta : «Oui, une belle soie jaune brodée qu’un ami venait de me rapporter de Paris…»

En un instant un flux d’émotions étreignit Scarlett : sa joie quand elle lui avait cerclé la taille avec l’écharpe sur son bel uniforme, alors que Melly était restée dans la chambre, leur baiser échangé, le plaisir de Rhett quand il lui avait offert le précieux tissu choisi pour elle à Paris…. 

Elle se secoua. « Revenons au présent. »

Son ton catégorique brisa l’enchantement qu’Ashley avait voulu faire revivre.

Duncan poussa un soupir de soulagement. Il pouvait à nouveau avoir les cartes en main, chasser leurs souvenirs communs, pour en créer de plus beaux avec la belle d’Atlanta.

La conversation traîna encore quelques minutes.

Ashley prit congé, en acceptant l’invitation de Scarlett : « Comme chaque Dimanche, nous vous attendrons, vous et Beau, pour partager le repas.»

Duncan regagna son hôtel, après lui avoir précisé qu’il viendrait la chercher à 19 heures pour la conduire au restaurant.

ooooOOoooo

Le même jour, jeudi 11 mars 1876, 19 h, Atlanta, 4 Whitehall Street, Thompson’s Restaurant

Quand il se présenta à nouveau à Peachtree Street, à 19h, il fut une fois de plus en admiration devant la tenue de soirée de Scarlett. Sa robe en satin, d’un bleu couleur saphir, identique à la parure de boucles d’oreilles assortie à son collier, le laissa pantois, tant la beauté de celle qui la portait en était encore rehaussée.

Sur le chemin du restaurant, Scarlett fit arrêter le cabriolet devant l’emplacement de son futur magasin.

Duncan fut séduit par les grandes baies vitrées et les colonnes corinthiennes intérieures qui ajoutaient de la solennité à l’ensemble.

« Très bon choix, Scarlett. De la luminosité, de l’espace, du style ! Voilà qui s’annonce parfait pour la Boutique Robillard ! Puis-je vous suggérer une idée ? Et si, face à l’entrée, au meilleur emplacement, vous accrochiez le tableau de votre aïeule Robillard qui pare votre salle à manger ? Son élégance bien française parachèvera la perfection du style que vous voulez donner à votre établissement. Et… tout le monde saura qui était Solange Robillard – c’était bien son prénom, n’est-ce pas ? »

Scarlett acquiesça avec enthousiasme.  « Décidément, pour vous remercier de vos brillants conseils, je crois que je vais vous nommer parrain de The Boutique Robillard !

Ils sortirent du local en riant, au moment même où marchaient Mesdames Merriwether et Meade. Au « Bonjour Scarlett ! » prononcé d’un ton pincé, suivit un regard inquisiteur sur l’élégant étranger qui l’accompagnait. Scarlett y répondit par son sourire affable et hypocrite spécialement dédié aux « vielles pies » de la Vieille Garde.

Ils arrivèrent au restaurant, le meilleur d’Atlanta. Celui où Rhett aimait l’emmener pour la gâter. Scarlett n’y était plus retournée depuis son divorce.

 Au bras de Duncan, elle était prête à affronter ses fantômes.

Après l’avoir aidée à sortir du buggy, Le Charlestonien observa l’animation de la rue commerçante, même à cette heure tardive, et s’amusa d’un constat : «Je viens de faire une découverte à l’occasion de ma première visite dans votre ville : tous les chemins mènent à Peachtree Street et à vous, charmante Scarlett O’Hara ! »

Comme elle haussait un sourcil de circonspection, il expliqua joyeusement : «Le Kimball House, l’hôtel où je suis descendu, et dont je reconnais l’imposant bâtiment au fond de cette avenue, mène directement à Peachtree Street. Le Restaurant sur la White Hall Street également.

Atlanta, Georgie.  Whitehall Street, en direction de Wall Street, avec en perspective, l'hôtel Kimball House, entre 1885 et 1890, car il s'agit du deuxième Kimball House  - source Source earthinthepast blogspot com.

Atlanta, Georgie. Whitehall Street, en direction de Wall Street, avec en perspective, l'hôtel Kimball House, entre 1885 et 1890, car il s'agit du deuxième Kimball House - source Source earthinthepast blogspot com.

J’en conclus que l’urbanisme de la capitale georgienne s’est développé pour mettre en valeur la célèbre Peachtree Street, et sa plus prestigieuse œuvre d’art…. Vous ! Scarlett O’Hara ! »

Scarlett se retint de laisser éclater son rire sur le trottoir. Tous deux gloussèrent discrètement de cette amusante déduction.

 

Duncan apprécia l’atmosphère feutrée de l’établissement.

«Parmi les dix lieux qui méritent le titre de « restaurants », le Thompson’s est le plus prisé par les gourmets pour sa haute cuisine. » (*1)

«Je vous remercie d’autant plus de me le faire découvrir, Scarlett ! »

«Je dois concéder que je n’ai aucun mérite en la matière : mon ancien mari avait une prédilection pour celui-ci. »

Discrètement, elle jeta un bref regard sur les autres clients, et baissa encore plus la voix : « Heureusement, quelques couples sont attablés ce soir. Lorsque j’y suis venue pour la première fois avec mon ancien mari il y a une dizaine d’années, j’étais l’unique présence féminine ! »

Duncan ne rata pas l’occasion de la complimenter : «Parmi une assemblée entière de dames, vous serez toujours la seule ! Celle sur qui l’attention admirative se porte en négligeant toutes les autres ! »

Scarlett accepta sa flatterie en creusant ses fossettes pour le remercier, puis continua : « Bien sûr, cela n’est pas étonnant puisque – comme vous le savez -, il y a très peu de temps de cela, ces espaces raffinés étaient réservés à vous, les hommes, et peu d’épouses accompagnaient leurs maris. Le propriétaire, Robert Thompson, se montrait particulièrement rigoureux à respecter cette règle. Jusqu’à ce qu’enfin, il y a six ans, il décida que nous, dames de la bonne société, pouvions enfin aller déjeuner sans chaperon, avec nos amies, pendant nos emplettes. Je me souviens d’un article de l’Atlanta Weekly Constitution.

Journal d'Atlanta Weekly Constitution du 31 mai 1870 - source Digital Library of Georgia https://gahistoricnewspapers.galileo.usg.edu/

Journal d'Atlanta Weekly Constitution du 31 mai 1870 - source Digital Library of Georgia https://gahistoricnewspapers.galileo.usg.edu/

 

Je l’ai encore en tête, tant le commentaire m’avait interpellé  :  le journaliste ridiculisait les New-Yorkaises qui « adoptent la "coutume parisienne" de manger au restaurant, déplorant le fait qu'à New York "on peut voir des femmes et des jeunes filles s'asseoir à la même table que des hommes et commander leur repas avec la nonchalance de vieilles habituées" ! (*1)

Duncan gloussa de plaisir – « S’esclaffer » n’aurait pas été de bon ton. «Votre humour et votre capacité à analyser lucidement les mœurs de notre honorable société sudiste sont un pur plaisir à mes oreilles. »

Comme il était charmant…. Elle conclut : Ce n’est qu’un frémissement. Je dois avouer que mon statut en la matière a été plus privilégié, et que les portes de cet endroit ont été grandes ouvertes - grâce à la renommée de mon ancien mari. » Ses yeux d’émeraude lançant soudainement des éclairs, elle ajouta : « et qu’elles le sont restées grâce à mon succès de femme d’affaire qui a su faire reculer les coutumes, même celles du rigide Thompson ! C’est ainsi que nous pouvons ce soir profiter tous les deux de cette nourriture délicieuse.

Parmi un vaste choix de mets raffinés, tous deux optèrent pour la caille farcie aux raisins confits au cognac  – «Un délice ! C’est une des spécialités du Chef ».

Après que le Maître d’Hôtel ait pris leur commande, Scarlett pouffa discrètement en lui confiant : « Si vous teniez à garder votre visite à Atlanta discrète, j’ai bien peur que le secret soit éventé dès la semaine prochaine !»

Duncan haussa un sourcil, amusé par l’air soudain mutin de sa cavalière.

Celle-ci ne le laissa pas sur sa faim : «Devant ma devanture, vous avez eu l’honneur de rencontrer les deux plus célèbres commères de la bonne société d’Atlanta. Dès demain, l’une s’empressera d’adresser un courrier en termes sibyllins à mes tantes Robillard de Charleston. Qui, bien entendu, seront heureuses de faire savoir aux membres de leur comité de bienfaisance que le célèbre couturier Duncan Vayton a été surpris à Atlanta au bras de la scandaleuse Scarlett O’Hara !»

L’homme rit de bon cœur. Les fréquentations de sa mère l’avaient habitué aux commérages du cercle fermé des puritains Charlestoniens.

« Scandaleuse ? Vous ? Vous êtes une source intarissable de surprises – qu’il me tarde de découvrir…»

Un nuage de contrariété traversa le regard de sa compagne de table. « Depuis mon arrivée à Atlanta, il y a des années, j’ai toujours été gratifiée de l’attention des âmes charitables voulant m’obliger à me conformer à leur vie monotone de femme au foyer. Vous avez compris à quel point je m’épanouis en tant que femme d’affaires. Contre vents et marées, j’ai dû combattre les critiques et médisances de ceux qui n’acceptaient pas ma soif de liberté. D’autre part… » Elle s’arrêta quelques instants, puis reprit : «Le divorce est, dans notre société, un signe d’infamie pour l’épouse, alors que l’ancien mari sera toujours glorifié pour sa décision ! » Son amertume transparaissait visiblement.

Duncan eut envie de lui prendre la main pour lui signifier qu’il serait désormais à ses côtés pour la protéger. Mais la bienséance l’en empêcha.

De toute façon, en un battement de cil, Scarlett chassa la morosité pour redevenir légère et disserte.

Le repas fut excellent, et le Charlestonien la félicita de lui avoir fait découvrir un établissement de choix.

Scarlett croqua à pleines dents chaque bouchée des succulents plats cuisinés par le chef. Oubliée sa période dépressive d’anorexie ! Elle avait retrouvé son solide appétit, sous le regard amusé de Duncan.

Lui savoura chaque minute du repas, pendant lequel les anecdotes partagées sur Atlanta et le monde de la mode furent prétexte à prolonger le plaisir d’être avec celle qui l’avait envoûté.

Lorsque les entremets furent desservis, et que ce fut l’heure d’apprécier le café et une petite liqueur, ils furent gratifiés de la venue à leur table du propriétaire de l’établissement.

Traditionnellement, celui-ci n’accordait cette attention qu’à ses invités de marque. A fortiori pour une personne de qualité comme Scarlett.

A chaque venue du couple Butler dans son restaurant, Robert Thompson ne manquait pas une occasion pour évoquer avec le célèbre aventurier ses années d’expérience de traiteur qui l’avaient amenées notamment à s’intéresser à la cuisine cajun, dont Rhett, ayant fréquenté assidûment La Nouvelle Orléans par le passé, avait friand.

Duncan releva la pose révérencieuse que l’homme à l’allure empesée, afficha en s’adressant à sa cliente.

Il l’entendit dire : « Cela faisait si longtemps que vous ne nous aviez pas fait l’honneur de votre venue. Vous nous avez manqué, Madame Butler ! »

ooo

A cet instant précis, le jeune homme ne prit plus garde aux paroles courtoises que l’une et l’autre s’échangeaient. Les sons de leur conversation se diluèrent avec les bruits environnants inintelligibles. Les personnes présentes dans la salle se transformèrent en pantomimes aux gestes ralentis enveloppés dans un brouillard diffus.

Afin de conserver une posture détachée, il dut faire appel aux capacités de sang-froid qui l’avaient maintes fois aidé dans le passé à affronter les situations les plus inextinguibles.

Au tréfonds de lui, des myriades d’émotions bouillaient, s’entrechoquaient, venant perturber tout agencement de pensée cohérente, à l’exception d’une seule : devant lui se tenait l’ex-épouse de son voisin de la Magnolias’ Mansion !

Des images, des allusions et des regards, soudainement s’imbriquaient les uns aux autres pour en faire une entité d’une logique implacable, transformant ces perceptions fugaces en une réalité crue.

Tant de signes auraient dû le mettre sur la voie ! A commencer par la description de l’ancienne Madame Butler, « d’une exceptionnelle beauté et d’un tempérament de feu », selon John, rapportant les dires de ceux qui l’avaient croisée. 

Comment avait-il pu être aveugle à ce point ? C’était la définition exacte de l’incarnation de Scarlett ! 

Depuis le jour de leur première rencontre, des indices avaient été parsemés : le divorce retentissant d’une femme de la bonne société d’Atlanta, une enfant morte en bas âge, le mystérieux ami briseur de blocus, le regard perdu de Scarlett à son évocation, le mot « Charleston » faisant tressaillir Ashley et même la petite Ella… 

Une autre réalité lui creva les yeux : l’allusion de John à la scandaleuse Madame Butler. Quels avaient été les mots de son ami, le fameux soir où ils avaient été témoins de l’ivresse avancée de Rhett Butler au Gentlemen’s Club ?  Il s’en souvenait maintenant : «Elle aurait eu une liaison pendant longtemps avec son beau-frère.» John avait généreusement émis des doutes sur la véracité de ces rumeurs non prouvées.

Une sueur froide lui parcourut l’échine. Le comportement d’Ashley cet après-midi ; l’évocation suggérée du baiser après l’épisode de la rivière ; l’écharpe ornant son uniforme gardée précieusement comme un trésor, et dont la soie avait été importée, en pleine de guerre, de Paris – sans nul doute par le briseur de blocus, Rhett Butler ! Comment celui-ci avait-il accepté le fait qu’elle ait utilisé son cadeau pour l’offrir à son beau-frère ? A moins qu’il ne l’ait jamais su… Cela expliquait l Le trouble perceptible entre eux pendant leurs échanges de l’après-midi…

Avaient-ils été amants ? Duncan sentit son sang se glacer. Il ne le saurait jamais. Mais il était évident que ce Wilkes l’avait considéré comme un rival dès la première minute de leur rencontre. 

« Scandaleuse Scarlett », telle qu’elle venait elle-même de se proclamer ce soir ! Si brûlante Scarlett qui avait réussi à l’enflammer par sa seule présence…

Il reconnut que cette révélation ne changeait rien à son attraction irrépressible pour elle. Au contraire ! Sa découverte enveloppait la belle d’un parfum de souffre qui l’enfiévra avec encore plus de vigueur.

Tout en elle transpirait la sensualité. Comment pourrait-elle ne pas déchaîner les passions ?

En une fraction de seconde, il comprit pourquoi Rhett Butler s’enivrait à ne plus en pouvoir marcher. Parce qu’il ne supportait pas l’idée d’avoir perdu une telle femme.

Un souvenir jaillit de sa mémoire. Tous les deux quittant la Magnolias’ Mansion, parlant dans la cour près du buggy. Le rire de Scarlett. Le cri de son voisin : « Non !». Le verre brisé sur la piazza. Et le regard fou de Rhett Butler dans leur direction.

 

Rhett Butler foudroyé.

Rhett Butler foudroyé.

 

Duncan avait rapidement présumé que son chancelant voisin était ivre ce jour-là. Si cela était vrai, peut-être interpréta-t-il la vision de Scarlett dans la cour voisine comme une hallucination alcoolisée.

Quoiqu’il en soit, une certitude s’imposait maintenant à lui : il n’était pas seul à convoiter Scarlett O’Hara, ex-épouse Butler. Son beau-frère Ashley Wilkes, l’amoureux du passé, et son ancien mari. Son instinct de mâle séducteur lui désigna la source du plus grand danger : Rhett Butler !

Il essaya de se concentrer sur les propos bavards du restaurateur. Mon chef en cuisine m’a signalé que vous aviez choisie notre plat phare, la caille farcie. Avez-vous remarqué l’article de l’Atlanta Constitution d’il y a quelques jours à peine ? Son journaliste fut tellement satisfait de sa visite dans nos murs qu’il a publié en notre honneur :

« Caille sur toast de Thompson

Sont sa gloire et son orgueil

Pendant que ses huîtres sur la coquille

Sonnez le triste glas de la faim. » (*1)

L’homme fut enchanté de la réaction de la belle cliente : « Oh ! Comme cela est charmant ! Et si conforme à l’excellence de votre cuisine ! »  

 

Duncan observa Scarlett. Même si elle le cachait fort bien en soutenant avec charme la conversation de ce Thompson, elle commençait vraiment à s’impatienter et allait mettre fin à la discussion.

Il fallait qu’il prenne une décision.  Rapidement.

Devait-il lui avouer que son voisin de Charleston était en fait son ancien époux ?

Il avait immédiatement perçu que Scarlett avait été fortement affectée par son divorce. Si elle apprenait la vérité, elle ne prendrait pas le risque de venir au défilé le 27 mai, et éviterait toute rencontre avec lui, de peur de croiser son ex-mari. Il n’aurait plus ce prétexte pour la voir de sitôt. Cette idée lui fut intolérable.

Il fallait qu’il lui cache sa découverte !

Bien sûr, elle apprendrait tôt ou tard que les Butler habitaient à côté de lui. Peut-être même le jour du défilé. Quoiqu’il en doutât.

D’après les dires de sa mère, Madame Butler se désolait du changement de comportement de son fils qui ne quittait plus la maison dans la journée, refusant toutes les invitations que sa sœur recueillait pour lui. Dorénavant, ses seules sorties avaient lieu le soir, «pour rencontrer des gentlemen à son Club», lui avait-elle précisé. Avec un peu de chance - et Duncan n’en avait jamais manqué jusqu’à présent – son voisin écarterait également l’invitation au défilé de mode.

Le lendemain de son arrivée à Charleston le 27, si Scarlett apprenait la vérité, il aurait beau jeu de jouer la surprise. Comment aurait-il pu savoir qu’il s’agissait de son ancien mari ? Le restaurateur avait appelé sa cliente « Madame Butler ». Soit. Butler était un nom assez courant. Il n’avait aucune raison de faire le rapprochement…

Sa décision fut prise. A l’instant où elle fit comprendre à son interlocuteur bavard qu’il était temps qu’il se retirât- ce qu’il fit avec force courbettes - Duncan avait retrouvé ses esprits et souriait à sa compagne de table qui lui parlait.

« Cette soirée a été un régal, Duncan. Il y a longtemps que je ne m’étais pas autant distraite. Et c’est grâce à vous. Il est l’heure maintenant de vous quitter car je dois encore survoler mes livres de compte avant la cession du magasin Kennedy.»

« Je vous suis profondément reconnaissant de m’avoir fait l’honneur de votre compagnie à ce dîner. La présence d’Ella, et par conséquent la vôtre et celle de Wade – ajouta-t-il avec un large sourire – sont absolument indispensables à mon défilé Haute Couture du 27 mai. Le mieux est que vous arriviez à la « Mode Duncan » vers 18 heures, afin que ma retoucheuse vérifie les derniers ajustements de la robe de princesse que portera votre petite Ella. Je suis persuadé qu’elle lui siéra à ravir, précisa-t-il avec son assurance de grand professionnel. « Je viendrai vous chercher chez vos tantes avec vos deux enfants. »

« Ne prenez pas cette peine. Nous marcherons. Vous savez qu’il n’y a que quelques dizaines de mètres qui séparent les deux maisons. »

« Très bien.  Je me réjouis de vous revoir, Scarlett. Vous serez mon invitée d’honneur ! »

Le Maître d’Hôtel apporta délicatement l’addition au gentleman attablé, qui régla la note aussi discrètement. 

Duncan tint la chaise de sa cavalière pour l’aider à se lever, et la guida vers le vestiaire par une main légère sous le coude. Il osa attarder ses doigts un peu trop longtemps autour de ses épaules pour l’aider à revêtir son étole. 

« Laissez-moi vous raccompagner. Je vais héler le chauffeur du restaurant. »

« N’en faîtes rien, je vous en prie. J’avais demandé à Pork de stationner devant l’immeuble à partir de 22 h. Je le vois à travers la vitre. Il m’attend.»

Puis, creusant ses fossettes, Scarlett lui dit au revoir.

Portant ses lèvres sur le dos de la main de la jeune femme, Duncan laissa traîner un instant ses moustaches sur la peau de soie de la belle d’Atlanta. Ses yeux d’un bleu profond se levèrent vers elle : « Le 27 mai, Scarlett. Je vous attends ! »

De retour à son hôtel, le jeune homme s’entretint discrètement avec le concierge. Celui-ci fut heureux de pouvoir renseigner le gentleman distingué, comme il était fréquent qu’il le fasse pour ses clients célibataires.

ooooOOoooo

 

En fin de soirée, 11 mars 1876, Atlanta, Saloon «A Girl of All Seasons »

Il pénétra dans le saloon. Ainsi c’est ici, le fief de Rhett Butler !

Un saloon et bordel américain au XIXe siècle : celui de Boston - source Boston University You tube

Un saloon et bordel américain au XIXe siècle : celui de Boston - source Boston University You tube

 

Lorsqu’il avait demandé d’un air entendu à l’employé de confiance de l’hôtel quelle était la plus célèbre maison de plaisirs d’Atlanta, celui-ci baissa la voix pour lui indiquer, sans hésitation : A girl of All Seasons.

Une épaisse fumée s’élevait comme un rideau grisâtre, donnant à la flamme des lampes à pétrole une couleur blafarde.

Les narines de Duncan furent agressées par un brassage d’odeurs, celles de bonnes feuilles de tabac roulées, l’âpreté des cendres froides, les arômes d’alcools fins mélangés aux bouquets de vinasse, le tout amalgamé avec les effluves de parfums bon marché.

Sans nul doute, les clients devaient traîner dans leur foyer ces relents d’odeurs illicites imprégnées dans leurs vêtements. Le Charlestonien plaignit Scarlett d’avoir été exposée aux émanations vulgaires importées par son mari dans leur maison de Peachtree Street. 

Il y avait foule ce soir. Les quelques tables de jeux avaient été prises d’assaut. Les joueurs de poker étaient concentrés sur leurs cartes, ne levant les yeux que pour défier du regard leurs compagnons de table ou ingurgiter goulûment une gorgée de whisky. Duncan distingua parmi eux des hommes de bonne prestance ; probablement des messieurs de la bonne société d’Atlanta se retrouvant entre connaissances pour se distraire de la monotonie de leur vie.

D’autres tablées étaient plus bruyantes. On s’échangeait des blagues, on s’apostrophait, on buvait en se congratulant.

On était loin de l’ambiance feutrée du Gentlemen’s Club Haven !

Somme toute, il se dégageait de l’endroit une atmosphère festive, criarde et arrosée. A girl of All Seasons aurait pu ressembler à tout saloon populaire. Sauf qu’une nébuleuse de jolies filles tournaient autour des clients. Elles pouffaient à leurs blagues, les frôlaient de manière subjective et accueillaient leurs mains baladeuses avec bienveillance.

Il suffit de quelques minutes seulement à Duncan pour que celui-ci soit témoin du départ précipité d’un couple nouvellement formé, s’engageant furtivement vers les escaliers menant à l’étage.

Ainsi c’était là-haut que les hommes en mal d’amour satisfaisaient leurs instincts ! Y compris ce dégénéré de Rhett Butler. Ce qualificatif était celui dont il tenait à gratifier son voisin de la Battery ce soir, tant celui-ci l’écœurait d’avoir exposé sa femme à cette fange. Alors que Scarlett O’Hara était un joyau qui méritait le raffinement extrême.

En expert de la gente féminine, Duncan jeta un regard critique sur les « filles » : toutes étaient jeunes et jolies. Mais elles n’auraient jamais été agréées par Henri de Boulogne pour occuper le deuxième étage du Haven. Trop vulgaires pour les membres sophistiqués du Club de Charleston !

Son regard s’arrêta sur une femme d’âge mûr qui l’observait.

 

Lorsque leurs regards se croisèrent, elle s’approcha d’une démarche chaloupée jusqu’à la petite table où était installé le bel homme.

D’un air avenant, elle le salua et se présenta : « Bonsoir, je suis Belle Watling, la propriétaire de cet établissement. Puis-je vous tenir compagnie un instant ? », désignant la chaise libre qui lui faisait face.

D’un sourire en coin, il hocha la tête. Ainsi, c’est elle ! en déduisit-il. La fameuse maîtresse de Rhett Butler.

Sous cape, Duncan moqua les goûts de son voisin.

La femme qui était assise à sa table était rousse, d’une teinte si agressive qu’il doutât qu’elle soit naturelle. De fausses boucles lui encadraient le visage.

Belle Watling, la tenancière du bordel d'Atlanta, Autant en Emporte le Vent

Belle Watling, la tenancière du bordel d'Atlanta, Autant en Emporte le Vent

 

Ce soir, ses traits étaient fatigués et son visage bouffi, probablement par un excès régulier de boissons alcoolisées.

Ses formes étaient généreuses et elle les exhibait fièrement. Le tissu de la robe était de qualité, reconnut le couturier. Le bordel de la tenancière devait être suffisamment rentable pour qu’elle soit vêtue de soie. La jupe, d’un jaune d’or, était agrémentée de grosses roses rouges pliées et cousues, de la taille réelle des fleurs. D’aucuns auraient eu envie de les cueillir. Certainement pas lui !

Ses épaules étaient entièrement dégagées, drainant les regards sur son décolleté plongeant vers des seins généreusement exposés. Elle était parée de bijoux. Le collier, les pendants d’oreilles et le bracelet étaient trop clinquants. Sans parler de sa ridicule tiare en verrerie de pacotille.

Sa bague, montée d’un gros rubis, avait l’air authentique. Un cadeau de son riche amant ? Duncan dût refreiner un rictus dédaigneux en y pensant.

Belle Watling, la maîtresse de Rhett Butler, dans Autant en Emporte le Vent

Belle Watling, la maîtresse de Rhett Butler, dans Autant en Emporte le Vent

Belle Watling, la tenancière de la Maison de Plaisirs d'Atlanta, Autant en Emporte le Vent (Tallulah Bankhead)

Belle Watling, la tenancière de la Maison de Plaisirs d'Atlanta, Autant en Emporte le Vent (Tallulah Bankhead)

 

Belle avait, elle aussi, profité de la seconde de silence pour admirer son nouveau client. « Admirer » était bien adapté. Il était d’une beauté et d’une jeunesse indécentes !

Il était de corpulence athlétique, sans une once de graisse apparente. Sa blondeur intense évoqua pour la prostituée d’expérience le soleil chaud sur sa peau. Ses yeux bleus d’azur lui mangeaient le visage. Belle se dit avec gourmandise qu’elle adorerait picorer ses lèvres sensuelles qui, s’appuyant sur sa longue expérience des hommes, s’annonçaient gourmandes. Pourquoi pas cette nuit ? se délecta-t-elle.

Duncan Vayton, héros de The Boutique Robillard (l'acteur français Michel le Royer en 1970)

Duncan Vayton, héros de The Boutique Robillard (l'acteur français Michel le Royer en 1970)

 

Quant à son allure… Cet homme respirait le gentleman de grande classe ! Habituée aux tenues masculines de toutes sortes, elle n’avait jamais encore était amenée à voir un costume dont la richesse de l’étoffe s’alliait à l’élégance discrète et raffinée de la coupe taillée sur mesure.

Un hôte de choix pour moi, ce soir ! se réjouit-elle.

D’un signe discret, elle ordonna à une des serveuses de prendre sa commande : « Apporte-moi le champagne de la cuvée spéciale !»

Duncan n’avait rien dit. Il surveillait le moindre des gestes de Belle Watling, essayant de comprendre…

A peine l’ordre donné qu’un seau à champagne en cuivre rutilant, garni de glaçons, fut amené à leur table avec les flûtes en cristal. Les serveuses savent s’adapter à la qualité de leurs clients, reconnut Duncan.

Il déboucha la bouteille de ses mains expertes et servit à tous deux les bulles pétillantes et fraîches.

 « C’est offert par la Maison ! A votre santé !» trinqua en français la propriétaire de A girl of All Seasons.

Duncan feignit l'étonnement.

« Je vous en remercie. Gratifiez-vous chacun de vos visiteurs du fameux vin pétillant français ? » L’étiquette indiquait qu’il s’agissait effectivement d’une marque française de grande renommée. La bouche de Duncan forma un pli ironique. D’instinct, il avait compris qu’il était au goût de la dame, d’où son traitement privilégié.

D’un ton badin, la tenancière confirma : « Seulement pour mes invités de marque ! Je ne doute pas que vous en soyez un des meilleurs… » Ses yeux devinrent aguicheurs.

Un éclat de rire lui répondit.

« Je connais tous les gentlemen de qualité d’Atlanta et de sa région, et vous n’en faites pas partie. Etes-vous de passage dans notre ville ? »

Duncan opina de la tête : « Un séjour très bref, j’en ai peur. Je suis arrivé ce matin et je repars demain à la première heure.»

Belle s’enhardit : « Votre accent traînant et distingué m’incite à croire que vous habitez une digne ville du Vieux Sud. Mon intuition est-elle la bonne ?»

C’est le moment ! pensa Duncan.

« Quelle pertinence ! » la félicita-t-il en souriant. « Charleston. Je viens de Charleston. »

De la même façon que l’évocation du nom de sa ville natale avait fait tiquer Ashley Wilkes et la petite Ella, Belle Watling marqua son trouble. Son regard fuyant se porta au fond de la salle.

« Ah ! Cette honorable cité de Charleston !» L’intonation de la femme se fit plus traînant.

Duncan lui demanda innocemment : «Y êtes-vous déjà allée ?»

Belle fit une petite moue : « Plusieurs fois. En fait, un très vieil ami à moi est originaire de cette ville. Il m’y a invitée. »

Duncan retint son souffle. Dans l’attente de… Il ne savait pas de quoi en fait.

Belle continuait à converser avec le séduisant jeune homme, mais ses pensées n’étaient plus avec lui. Elles étaient dirigées vers une chevelure de jais, une moustache frétillante sur un sourire carnassier, des bras puissants prompts à enlacer, dont la seule évocation la faisait encore frémir.

Rhett Butler et Belle Watling

Rhett Butler et Belle Watling

 

Elle se confia machinalement à cet inconnu : « D’ailleurs, il y a presque trois ans de cela, il m’a demandé de venir m’installer là-bas. Vous comprenez, nous sommes… très proches. » Son regard s’accrocha au sien de manière suggestive.

Elle continua : « Il avait insisté, mais, à cette époque, je ne me sentais pas encore prête à abandonner mon Etablissement. » Puis, levant la tête, d’un air plus déterminé : « Les temps ont changé. Je suis fortement tentée d’accepter sa proposition. En fait, je vais m’y rendre très prochainement.»

Duncan fut sous le choc.

Lorsqu’il était venu dans le bordel appartenant à Rhett Butler, il ne cherchait rien de précis, sauf à comprendre comment cet être ignoble pouvait se complaire en compagnie de putains, au point de vivre ouvertement avec la mère maquerelle, et cocufiant publiquement son épouse. La seule évocation qu’il ait pu imposer sa présence dans le lit de Scarlett après avoir copulé avec ces femmes vulgaires lui donnait envie de vomir.

Voilà que cette femme venait de lui faire comprendre que, le divorce même pas prononcé, l’époux indigne avait décidé d’entretenir sa maîtresse en titre à Charleston ! Alors qu’au même moment, Scarlett endurait seule la honte d’être une femme divorcée. Quel être infâme !

Une voix discordante s’insinua dans son esprit : si Belle Watling venait à s’installer aux frais de Rhett à Charleston, alors lui, Duncan, n’aurait plus aucune crainte à avoir. Son comportement infamant arriverait aux oreilles de son ancienne femme. Rhett Butler serait définitivement rayé de l’univers de Scarlett O’Hara ! Et Duncan serait là, auprès d’elle.

Ses yeux bleus devinrent si rêveurs qu’ils alertèrent la tenancière. « Suis-je indiscrète ou rêvez-vous à votre belle ? A moins que vous ne vouliez égayer vos dernières heures dans notre ville parmi nous ? Je viens d’engager cette semaine une jeune fille toute fraîche, dont la fleur a été à peine cueillie. Elle sera ravie de vous prouver que les jeunes femmes d’Atlanta sont les plus envoûtantes !»

Duncan sortit une liasse de billets de son portefeuille. En se levant, il lui répondit : « Sur ce point précis, je n’ai aucun doute. Je dois prendre congé. Merci pour votre hospitalité.»

Belle fut frustrée par ce départ brutal. Elle attendait mieux de cette nuit… « Pourrais-je connaître votre nom ? Peut-être nous recroiserons-nous à Charleston ?»

« Duncan Vayton. Mon nom est Duncan Vayton.»

Il espéra très fort que la maîtresse de Rhett Butler lui ferait part de la visite du Charlestonien. L’ancien époux de Scarlett O’Hara prendrait conscience ainsi que son voisin connaissait maintenant son lieu de débauche.

Et qu’il pourrait en tirer parti.    

ooooOOoooo

Auteur : Arlette Dambron.

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Notes sur le chapitre 20 :

 (*1) Restaurant Thompson’s, 4 Whitehall Street, Atlanta : du milieu 1860 jusqu’à la date de sa cession en 1888, le restaurant de Robert G. Thompson fut le plus prestigieux d’Atlanta. Source Culinary History of Atlanta, by Akila Sankar McConnell – source Google books, avec en ligne le paragraphe sur l’histoire du Thompson’s. https://books.google.fr/books?id=xwuUDwAAQBAJ&pg=PA59&lpg=PA59&dq=Atlanta+Thompson+restaurant+in+1870&source=bl&ots=9hhSpjZyPg&sig=ACfU3U2t4nXw2tiRTbHK04LmwXAGPDxV9Q&hl=en&sa=X&ved=2ahUKEwjuoIG1-uaAAxWYU6QEHYl2C5gQ6AF6BAgfEAM#v=onepage&q=Atlanta%20Thompson%20restaurant%20in%201870&f=false

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Commentaires des lecteurs du roman The Boutique Robillard sur les sites fanfiction.net et archiveonourown.org, sur le chapitre 20

Invité chapitre 20 . 4 juin : Ce chapitre était tout simplement stupéfiant.

La relation entre Ashley et Scarlett a pris un virage à 180°, c'est maintenant lui qui est jaloux. Bien qu'elle n'ait rien fait pour l'encourager ou le repousser, j'ai aimé la façon dont vous avez rendu leur relation compliquée évidente pour Duncan dès le début.

J'ai aimé votre idée de Duncan visitant délibérément Belle pour "sus" Rhett. La scène vivante de Rhett au lit dans la maison close, puis de retour chez Scarlett, m'a coupé le souffle par sa description sordide.

Duncan et Rhett sont très semblables à bien des égards. Je soupçonne que lorsque Rhett réalisera que Duncan est vraiment son adversaire, il se lancera lui aussi dans un travail de reconnaissance pour discréditer Duncan. Tout comme Rhett, pour Duncan, "un chat est un chat", de sorte que lorsqu'il découvrira la vérité sur la relation entre Rhett et Scarlett, je ne pense pas qu'il trouvera Rhett aussi vil. Non pas qu'il y aura jamais d'amour perdu entre eux.

Scarlett va causer un grand chahut à Charleston, et ses tantes vont être apoplectiques. Apportez-le et que la bataille commence. 

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Mis. chapitre 20 2021 . 3 juin : Il ne sera certainement pas facile pour Scarlett de prendre la décision de renoncer à Duncan, le "prince" qui a été époustouflé par son charme et l'a ramenée à l'époque où tous les garçons du coin lui faisaient la cour. Mais Scarlett est restée fidèle à son amour pendant des années et ce n'est pas différent cette fois-ci.

Scarlett s'est juré de ramener Rhett et elle le fera, cela donnera un sens à sa vie. Mais en cours de route, elle va infliger de la douleur et du chagrin à Duncan et à Rhett. jusqu'au moment où elle retrouvera enfin son cœur donné à Rhett.

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Mis. 3 juin : Wow, quelle écriture créative et sophistiquée. Je n'ai pas de mots.

Duncan ne sait toujours pas comment sa vie va basculer.

Scarlett et Rhett ont un riche passé et une grande expérience dans la gestion des difficultés que la vie a convoquées pour eux. Ils sauront bien jouer le jeu. Espérons que Rhett réintègrera bientôt la vie de Scarlett dans cette histoire fascinante.

N'attendez pas trop longtemps avec elle.

Nous avons lu des histoires où il s'est éloigné jusqu'à ce qu'il ne soit plus pertinent et que l'histoire perde de son intérêt.

Rhett doit revenir comme l'homme de Scarlett qui, au fond de son cœur, son amour pour lui brûle d'acier après avoir découvert qu'elle l'aimait lui et non Ashley. Rhett. doit revenir en arrière et essayer de corriger l'erreur qu'il a commise en divorçant d'elle, en tant qu'homme qui a appris de ses erreurs et qui en assume la responsabilité. Il doit apprendre à compenser Scarlett de manière importante. Pas moins.

Scarlett sait comment renoncer à sa fierté. Elle aimerait donner une leçon à Rhett mais sait très bien qu'il est le seul homme pour elle. Ça devrait être intéressant.

Merci pour le partage. J'attends avec impatience les prochains épisodes

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 Aet. chapitre 20 . 2 juin : Duncan a un sacré visage de joueur poker s'il ne montrait pas l'impact que cette révélation a eu sur lui. Rhett a rencontré un adversaire à sa taille. Ça va être une sacrée foule joyeuse à Charleston.

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Sca. chapitre 20 . 2 juin : Oh, le présage. Tant de rebondissements scandaleux. J'espère que notre Scarlett est plus intelligente que tous ces hommes et qu'elle obtiendra ce que son cœur désire quand tout sera terminé. Rhett la connaît mieux que tous les autres et il sait qu'il a fait des erreurs, mais sera-t-il capable de jouer le long jeu mieux que les nouveaux venus. Ashley est clairement sous-financé et n'a aucune chance dans ce jeu à enjeux élevés. Il sera intéressant de voir quels problèmes Scarlett va susciter, comment Wade et Ella vont influencer le jeu ? Scarlett a toujours eu un faible pour Mme Butler, sera-t-elle capable de faire pencher la balance en faveur de Rhett ? J'adorerais voir la mère Butler s'allier à Scarlett pour donner une leçon à Rhett pendant qu'il rampe pour revenir dans la vie de sa famille. Maintenant, j'attends impatiemment le prochain chapitre.

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Jad. chapitre 20 . 2 juin : L'intrigue s'épaissit. J'espère sincèrement que Rhett sera "dans le coup" pour pouvoir gérer sagement et bien la concurrence de Duncan. Ashley n'est plus une menace, mais je ne pense pas qu'il le sache.

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Tai. chapitre 20 . 2 juin : Ohhh l'intrigue s'épaissit, j'aime tellement ça ! Et Ashley, je ne l'ai jamais lu comme ça avant, se battant pour Scarlett d'une manière si évidente, c'est certainement intéressant et j'ai hâte de lire la suite...

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Sta. chapitre 20 . 2 juin : C'est tout pour moi, maintenant que Rhett a invité Belle à vivre avec lui à Charleston, je fais équipe avec Duncan, c'est lui qu'elle devrait épouser. Elle doit rester loin de l'égoïste Rhett.

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Invité chapitre 20 . 2 juin : CETTE HISTOIRE DEVIENT PLUS ÉPICÉE À CHAQUE MISE À JOUR. JE NE PEUX PAS ATTENDRE LE CHAPITRE OÙ RHETT ET SCARLETT SE CROISENT À NOUVEAU. J'ESPÈRE LE VOIR BIENTÔT

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Anonyme chapitre 20 . 2 juin : Superbe chapitre ! J'adore tout ce qui se passe - pouvez-vous juste confirmer la chronologie ? Je pensais que le défilé de mode était en mai et non en mars ? Je sais que vous avez mentionné il y a quelque temps que le chapitre 20 serait le même mois que celui où nous avons commencé dans le chapitre 1, soit mai 1876. Je veux juste m'assurer que je ne manque rien.

John Paxton et sa soeur Rebecca vont-ils revenir dans l'histoire ? Si je me souviens bien, Rebecca et Duncan avaient une liaison en 1875, est-ce toujours le cas en 1876 ? Duncan y a-t-il mis fin après sa rencontre avec Scarlett ? Je me demande si la propre maîtresse (ou ancienne maîtresse) de Duncan ne va pas faire des ravages, comme je prévois que Belle Watling le fera. J'ai l'impression qu'ils vont réapparaître dans l'histoire et ajouter un nouveau rebondissement ou une nouvelle couche à l'intrigue.

Superbe histoire, continuez comme ça !

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Invité chapitre 20 . 2 juin : Aussi, je voulais juste ajouter, et si Belle mentait ? Je n'en mettrais pas ma main à couper, je ne l'ai jamais aimée et je n'ai jamais eu de sympathie pour elle. Elle pourrait être furieuse que Rhett ait quitté Atlanta et veuille ternir sa réputation. J'ai besoin d'en savoir plus. Je suis juste curieuse de savoir si Rhett l'a vraiment invitée ou si Belle dit ça juste pour embêter Rhett.

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Invité chapitre 20 . 2 juin : Je suis désolé, mais je ne peux pas croire que Rhett insiste pour que Belle vienne à Charleston. Il peut être membre du Haven club, mais emmener sa maîtresse avec lui n'est pas le moyen d'obtenir le respect qu'il souhaite. J'espère que c'est juste la façon dont Belle a interprété la situation et les mots de Rhett.

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Invité chapitre 20 . 2 juin - Merci pour cette mise à jour rapide ! Je ne peux pas attendre le prochain chapitre après toutes les bombes qui viennent d'être lâchées ! Rhett a invité Belle à le rejoindre à Charleston ? Elle a inventé ça ? J'ai l'impression que s'il voulait de la grâce et de la dignité, il l'aurait aussi laissée derrière lui. Ugh... si c'est vrai, et que Scarlett le découvre, j'espère qu'elle lui fera vivre un enfer. Pour être honnête, Duncan semble être tout aussi manipulateur que Rhett. Pareil pour Ashley. Scarlett devrait juste les éviter complètement. Je ne peux pas attendre le prochain chapitre ! J'espère qu'on arrivera au 27 mai.

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Fai.  chapter 20 . 2 juin : Duncan est... machiavélique! Par contre, je suis dans un premier temps un peu surprise qu'il ait tout de suite conclu que Rhett était le rival le plus important étant donné qu'il ne l’a pas vu sous son meilleur jour, et qu'Ashley a bien insisté sur l’expérience partagée, et ça de façon pour le moins... audacieuse, on va dire. D’autant plus avec les rumeurs qu’il a entendues.

En tout cas, super chapitre, j’ai hate de lire la suite!

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 Klen ? chapter 20 . Jun 2 : Quel chapitre! Je ne trouve pas les mots..

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Bir 1er juin 2021 : J'AIME cette histoire, j'ai hâte d'en avoir d'autres :) ! J'ai juste une question/ demande : où prévoyez-vous de prendre la relation entre Ashley et Scarlett ? J'adorerais voir plus d'Ashley (et ses sentiments) avec Scarlett. Mais si tu n'aimes pas cette idée ou si tu as déjà tout prévu, je comprends parfaitement. C'était juste une idée ! J'espère que cela ne t'a pas rendu fou (pour quelque raison que ce soit) et que tu n'as pas arrêté d'écrire ceci. Je pense que cela nous rendrait tous tristes. Continue d'écrire, tu es fantastique :) ;)

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