Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Read on line, follow the updates of my historic novel The Boutique Robillard, fandom of Gone with the Wind (in English, click on top)

 

 

 

Lisez en ligne mon roman historique, dans l'Amérique de 1876 : La Boutique Robillard, ma suite d'Autant en Emporte le Vent (en français)

Publié par Arlette Dambron

Chapitre 44. A l'Hôtel Willard, s'il vous plait! Mon roman The Boutique Robillard, ma suite d'Autant en Emporte le Vent

6 juillet 1876, dans le train de la Piedmont Air Line

 

Le train s’arrêta. Rhett jeta un coup d’œil sur sa montre déposée sur la table de nuit : 3 h 04 exactement ; les horaires programmés de la Compagnie Richmond and Danville Railroad étaient respectés : Greensboro en Caroline du Nord. (*1)

Machinalement, il étudia les bruits autour de lui : le claquement de portes, les pas précipités des voyageurs descendant des wagons suivis de ceux embarquant à bord de la Piedmont Air Line, des paroles chuchotées pour ne pas troubler la quiétude des passagers endormis, le roulement de chariots des porteurs transportant les bagages, enfin la fermeture des issues couverte par le sifflement de la locomotive signalant le départ.

Et puis à nouveau le ronronnement progressif des roues glissant sur les rails.

Cet intermède d’agitation ne fut qu’une légère distraction aux divagations fiévreuses de Rhett.

Il avait chaud. Il s’était débarrassé de son pyjama. Mais la fraîcheur des draps de lin n’était qu’un piètre baume pour sa peau brûlante.

Brûlante d’une autre chaleur que celle tempérée de sa chambre.

Il se releva et se servit un verre d’eau de la carafe enfouie dans un bac à champagne rempli de glaçons.

La tentation était trop grande : il passa machinalement un doigt sur la cloison murale en bois sculpté.

Derrière, juste derrière, était accolé le haut du lit de sa voisine de wagon.

Il se concentra en essayant de faire abstraction du chuintement méthodique des rouages du convoi : à l’écoute d’une respiration, à l’affût d’un froissement de drap, d’un murmure peut-être…

Rien. De guerre lasse, il se décida à regagner son lit.

Ce fut une fois de plus les quelques minutes passées dans la chambre de Scarlett qui défilèrent dans sa tête, par une succession d’images, de gémissements, et de sensations qui s’entrechoquaient, le privant de tout sommeil et le faisant se retourner sur le drap.

Enfin, il était sur le point d’atteindre le but de sa vie, son Graal, le corps et le cœur de Scarlett ! De nervosité, son corps gesticulait dans tous les sens, aussi frénétiquement que son esprit tourmenté.  Il en frissonnait de frustration, puis, l’instant d’après, transpirait de désir inassouvi.

Seul le recours aux plaisirs solitaires finissait à le calmer pour un temps. Mais ensuite, la sensation des tétons de Scarlett sous ses doigts recommençaient à le rendre fou.

Fou d’impatience, fou de vigueur, fou d’envie de la sentir sous lui, dans elle. De ne plus former qu’un avec elle.  

Un nouvel arrêt. Il entendit le chef de gare avertir : « North Danville, Virginie». Il devait être 5 h 20.  Cette nuit était interminable.

Rhett s’énerva. S’il arrivait fatigué à Washington, la combativité dont il aurait besoin pour éblouir sa belle risquait de s’épuiser avant la fin de la soirée.

Il fut debout bien avant le passage du train à la gare de Lynchburg à 8 h 15.

George s’était chargé de remplir la baignoire.  

Se prélasser dans l’eau lui fit le plus grand bien après… l’excitation de la nuit.

Il prit le temps de réfléchir à ce qui allait arriver lorsqu’elle se réveillerait.

Après ce qui s’était passé hier soir, il était inimaginable que tout redevienne comme avant, depuis leur divorce - depuis Vayton. Pour s’en convaincre, il se concentra sur le souvenir de leurs respirations précipitées, ses ondoiements lascifs contre lui…

C’était une mauvaise idée, car il finit par être à nouveau mangé par le désir. Allait-il pouvoir tenir jusqu’à ce soir ? Car il fallait absolument que ce soir…

Il ferma les yeux. En pleine extase…

Chapitre 44. A l'Hôtel Willard, s'il vous plait! Mon roman The Boutique Robillard, ma suite d'Autant en Emporte le Vent

 

Rasé de près, vêtu d’étoffes précieuses conformément aux hommes importants fréquentant les sphères politiques privilégiées, il était fin prêt à impressionner leur interlocuteur à la Maison Blanche – et au passage et surtout la toujours aussi Belle du County de Clayton.

Il lisait son journal lorsque Jenny se signala pour pénétrer dans le wagon et rejoindre Scarlett dans sa chambre.

Puis il entendit quelques ordres brefs suivis de froissements d’étoffes. Des sons divins à ses oreilles. Les bruissements de petites chemises et jupons débridaient son imagination. Que la proximité de son intimité lui avait manqué ! Même quand il avait été chassé de sa couche, il lui arrivait de guetter, en s’attardant sciemment dans le couloir, les moindres bruits signalant qu’elle venait de se réveiller.

Puis Jenny quitta à nouveau le wagon, en assurant que le plateau du petit déjeuner n’allait pas tarder. Rhett n’avait pas attendu la belle endormie pour prendre le sien, connaissant sa propension à rester lovée dans les draps lorsque son agenda chargé le lui permettait.

Quand il entendit son pas léger et que la porte s’ouvrit, les battements de son cœur s’accélèrent. Qu’allait-elle dire ? Comment devait-il se comporter ? Pouvait-il la prendre dans ses bras ? L’embrasser ?

Il retint son souffle car elle était… tout simplement époustouflante, sa chevelure bouclée se déversait librement sur ses épaules, encadrant son visage nacré. Semblable à une apparition diaphane directement sortie de ses rêves, et flottant droit vers lui.

Ou plutôt vers la table.

Elle avait pris soin de bien fermer sa robe de chambre de taffetas vert profond. Mais la ceinture ivoire était suffisamment large pour marquer la courbe vertigineuse de ses reins et la non moins tentante naissance de son bustier au col en « V » bordé d’une cascade de volants transparents. Il entraperçut, dans l’entrebâillement de sa robe de chambre, sa chemise de nuit d’un blanc immaculée qui, à son scintillement, devait être en soie. Donc pas celle d’hier soir. Et pour cause : il l’avait ruinée.

Il se leva aussitôt, affichant un large sourire et fit mine de s’approcher d’elle. En deux mots, il essaya de moduler la tendresse qui ne demandait qu’à déborder : « Bonjour, Scarlett. »

Sans le regarder, elle s’assit en lui répondant poliment un « Bonjour, Rhett » des plus neutres.

Celui-ci fronça les sourcils. A première vue, le temps n’était pas aux effusions.

George déposa le lourd plateau en argent sur la nappe brodée, sous l’œil de Scarlett qui fit l’inventaire des spécialités concoctées par le Restaurant Delmonico.  Récitant un texte répété mille fois depuis qu’il était en fonction à la Pullman Palace Wagons de lit, il détailla avec entrain les mets présentés : « Nous vous proposons une diversité de pain grillé, des biscuits chauds moelleux, un cake aux raisins et des petits pains au lait. Ils sont accompagnés de miel de sapin, de la marmelade d’agrumes, ainsi que des confitures de framboises des bois ou de griottes.» Il souleva les deux cloches argentées préservant la chaleur des plats : «Voici des pancakes au sirop d’érable.  Je vous conseille l’omelette du Chef agrémentée de morilles et de cèpes et d’un jambon cuit en croûte particulièrement goûteux. Nos fruits, pêches, poires et pommes, sont mûrs à point. J’ai ajouté une cruche d’orange pressée. Préférez-vous du café ou du thé ? »

Elle opta pour du café qu’il servit dans un bol en porcelaine griffé aux armes GP comme tout le service. « Je vous souhaite bon appétit, Madame Butler !» Sur ce, il se retira.

Rhett se remplit une tasse de café brûlant et attendit. Quoi ? Son premier mot. Un signe prouvant que quelque chose avait changé.

Mais rien.

Elle souleva les cloches. Mais les referma aussitôt, contrevenant à sa sacro-sainte habitude de choisir des plats roboratifs pour bien commencer la journée.  

« L’omelette aux champignons est excellente. J’en ai dévorée une ce matin. Etes-vous certaine de ne pas vous laisser tenter ? » Il avait pris soin d’abandonner le ton taquin qu’il affectionnait lorsqu’il la complimentait pour son bon coup de fourchette.

Elle répondit platement : « Je n’ai pas faim. » Ce qui en soi l’inquiéta. Il se mit à tartiner généreusement les pains au lait – ceux qu’elle avait toujours privilégiés dans le passé, en alternant les garnitures sucrées.

Elle continuait à émietter son toast grillé d’un air absent. Il lui intima alors d’une voix ferme : « Mangez ! » Comme elle ne réagissait toujours pas, il se radoucit : «S’il vous plait, mangez, Scarlett. Il vous faut prendre des forces pour cet après-midi car, entre notre rendez-vous à la Maison Blanche et la rencontre des comptables, il vous faudra de l’énergie. » En disant cela, il avait posé gentiment sa main sur la sienne.

Elle la retira prestement comme s’il l’avait brûlée, et, pour la première fois depuis la veille, le regarda droit dans les yeux : « Je n’en manque pas. » Ce qui le déboussola encore plus.

Elle condescendit à entamer en silence les tartines qu’il lui avait préparées.  

Il en profita pour l’observer – ou plutôt, devait-il se l’avouer, la manger des yeux.

Son teint était sans fard, sans cette poudre rouge qu’elle appliquait sur ses pommettes pour se donner bonne mine. Mais pourquoi une peau comme la sienne aurait-elle eu besoin d’un artifice ? Ses joues étaient naturellement rosies par la chaleur persistante du sommeil. Et sa bouche… Mon Dieu ! Sa bouche ! Rouge comme une rose éclose baignée de la rosée du petit matin. Qu’il eut l’envie irrésistible d’écraser sous la sienne. Il s’humecta les lèvres de gourmandise.

Allait-il oser l’embrasser ? Dans d’autres temps, il n’aurait pas hésité. Surtout après ce qui s’était passé entre eux il y a seulement quelques heures de cela. Son corps était tellement proche du sien, tous les deux assis autour du guéridon.

N’y tenant plus, il se pencha vers elle pour l’étreindre. Immédiatement, elle se plaqua en arrière contre le dossier de sa chaise pour l’éviter. 

Il contorsionna ses sourcils en signe d’incompréhension face à ce revirement de son comportement de la veille.

Après de longues secondes, elle plaça ses couverts dans l’assiette et se tamponna légèrement les lèvres avec sa serviette. Puis elle le regarda.

Rhett vit deux lacs verts, aussi clairs qu’il aurait pu s’y refléter. Il reconnaissait bien ces yeux-là : lorsqu’elle était sous le coup d’une émotion de grande douceur. Elle les avait eus parfois pour Bonnie. Parfois. Souvent lorsqu’elle regardait Ashley, pensant que lui, Rhett, ne s’en apercevait pas. Très rarement pour lui au début de leur mariage, dans un moment d’abandon. Si rarement… Mais ce vert d’eau trahissait aussi un signe de fatigue, ou de désarroi.

 Il retint son souffle.

« Rhett, j’aimerais mettre les choses au clair.» Si le ton était un peu instable au départ, il s’affirma : « Ce qui s’est passé hier soir ne peut avoir d’autre interprétation qu’un mouvement de faiblesse dû à de trop longues années d’abstinence de ma part. Dont j’ai été en partie –mais seulement en partie - responsable. Mon corps m’a trahie, mais c’est probablement parce que Duncan a réveillé mes sens… endoloris. Et c’est un euphémisme ! Cela ne se reproduira plus. Bientôt, je vais le rejoindre, et nous allons nous marier. Pour vous, ce moment d’égarement n’a représenté que de caresses sans conséquences parmi tant d’autres, prodiguées à tant d’autres. Pour ma part, même si vous m’en avez contesté la véracité dans le passé, j’ai toujours été fidèle à mes engagements. »

Assommé par ses paroles qui sonnaient le glas de ses espoirs, sa rancœur perça sous un petit ricanement cruel. 

Elle n’en fut pas dupe. Un peu plus froidement cette fois, elle précisa : « Fidèle physiquement. Avec Frank, avec vous, et j’en ferai de même avec Duncan. Cela étant entendu, depuis que nous nous sommes retrouvés, je concède que nos rapports se sont améliorés, jusqu’à commencer à ressembler à ce qu’ils étaient avant notre mariage malencontreux, c’est-à-dire des liens d’amitié. J’aimerais, si vous êtes d’accord, qu’ils perdurent. »

Elle se redressa, aspira profondément comme si elle venait de se libérer d’un poids trop lourd. Elle conclut plus légèrement : « Rhett, nos conversations ne vous ont-elles pas manqué ? A moi, si ! Je m’en rends compte maintenant. Vous avez toujours été mon meilleur confident – le seul d’ailleurs – à qui je peux avouer les choses les plus… inavouables. Et vos histoires de vieux filou outrepassant la légalité – et la décence, m’ont toujours ravie, vous le savez bien. Alors, repartons sur de bonnes bases. Le voulez-vous ? »

Depuis qu’elle avait ouvert la bouche, il avait enfoui ses mains dans ses poches pour qu’elle ne remarquât pas ses poings serrés à en faire craquer les jointures. Elle venait de le condamner à mort. Car, qu’est-ce que la vie sans espoir de gagner le cœur de Scarlett ?

Deux solutions s’ouvraient à lui : la plus évidente et pragmatique, celle de tourner la page, comme il l’avait décidé en la quittant en septembre 1873. Et au diable son « amitié » ! Elle n’aurait qu’à compter sur Vayton pour la faire rire… Leurs rapports avec la Fondation seraient réguliers mais formels et se passeraient toujours en présence des comptables. Lui ne remettrait plus jamais les pieds à Atlanta. Même s’il allait se priver également d’Ella et de Wade – dont Vayton s’empresserait de les accaparer.

Oui ! - se disait-il pendant qu’elle avait repris son grignotage pour se donner bonne contenance,- mon chemin de survie est tout tracé. C’est la bonne décision à prendre.

Une quinte de toux entrecoupée d’une respiration fébrile le sortit brutalement de ses réflexions raisonnables.  

Scarlett était devenue blafarde ! D’une main, elle se tenait le cœur, de l’autre elle agrippait la nappe à faire trembler la vaisselle du plateau.

Il comprit immédiatement ce qui se passait. Elle venait de s’étouffer en mangeant.

Dévoré par l’angoisse, il se leva pour la soutenir.

 Il eut toutes les peines à balbutier des ordres tant il avait l’impression folle de suffoquer lui-même, le fonctionnement de son corps se confondant avec le sien. « Crachez, Scarlett ! Crachez ! »

Ce qu’elle fit douloureusement dans la serviette qu’il lui tendait, mais cela ne la calma pas. Devait-il lui faire ingurgiter de l’eau ? Ou lui tapoter le dos ? Il était tétanisé de terreur. Si son cœur s’arrêtait, le sien s’éteindrait en symbiose.

Il mit son visage à quelques centimètres du sien et se força à lui dissimuler la panique qui faisait trembloter ses jambes. « Scarlett, regardez-moi. Regardez-moi, Scarlett. Calez votre respiration sur la mienne. Chérie, regardez-moi… »

Ses suppliques réussirent enfin à capter son attention. Entrecroisant ses doigts avec les siens, il posa l’autre main sur sa poitrine pour apaiser les battements de son cœur. Puis il commença à aspirer fortement pour expirer ensuite, en prenant bien soin d’emprisonner, de bloquer ses yeux pour qu’elle fasse abstraction de tout, qu’elle n’ait plus conscience que de lui, et que sa respiration se mette au diapason de la sienne. (*2)

Entre deux respirations synchronisées, il la rassurait par des petits mots doux – « Là ! Là ! C’est bien ma Chérie. Respirez. Regardez-moi. C’est bien ma petite fille. Ma courageuse petite fille.»

Jusqu’à ce qu’enfin son souffle redevint régulier, et que la panique fuit ses beaux yeux mouillés.

Elle avait continué à garder leurs doigts entrecroisés, et posa l’autre main contre celle de Rhett qui vérifiait les battements de son cœur.

C’est à cet instant seulement que Rhett eut l’impression que le monde recommençait à tourner. Il cala sa tête contre son gilet, alternant petits tapotements d’encouragement sur l’épaule, caresses dans ses cheveux et baisers sur ses paupières fermées.   

Elle se laissa choyer quelques minutes, pour mettre finalement fin à leur étreinte.

Esquissant un petit sourire, elle le remercia.

Elle but un verre d’eau. Ses joues reprirent doucement des couleurs.

« C’est ce satané cake aux raisins qui a failli avoir raison de moi ! »

Soulagé qu’elle soit hors de danger, il la taquina : « Je constate avec plaisir que vous venez de trouver un nouveau bouc émissaire pour vous défouler contre lui, ne serait-ce qu’un inoffensif gâteau britannique. Signe de votre rétablissement, vous arrivez à nouveau à faire de l’esprit avec votre jeu de mots sur les raisins et la raison. Comme je suis content de vous retrouver, ma délicieuse Scarlett ! »

S’était-elle rendue compte à quel point sa voix à lui n’était plus que tendresse et douceur ? Rhett n’eut pas conscience lui-même que ses inhibitions avaient magiquement disparues avec le choc émotionnel.

Il appuya sur le bouton en relation avec l’office. «Quelle meilleure façon de reprendre des forces que de profiter d’un bain chaud à l’huile parfumée ! Jenny va le préparer, et vous pourrez vous prélasser dans l’eau pour vous remettre de vos émotions. »

A peine avait-il finit sa phrase que la femme de chambre se manifestait.

Il resta à côté de la jeune femme à la distraire avec des cancans amusants et superficiels, jusqu’à ce que l’employée signale que « le bain de Madame est prêt. »

 

Jenny était repartie en signalant qu’elle attendrait les ordres de Madame pour la coiffer et l’aider à s’habiller.

Rhett se servit un verre de whisky s’installa dans un fauteuil.

Ces émotions violentes ne sont plus de mon âge ! - se moqua-t-il de lui rétrospectivement, en suivant les volutes de fumée s’échappant de son cigare. Un fait est certain : mon cœur a failli s’arrêter avec le sien. Alors, pourquoi prétendre que je vais pouvoir recommencer une vie sans elle ? Je l’aurai dans la peau jusqu’à ma mort. Et s’il y a un au-delà, il est probable que je défoncerai toutes les portes de l’enfer, du purgatoire, voire même du paradis, là où sans nul doute ma Bonnie est protégée par Mellie, pour la ramener à moi.

Ses ongles égratignèrent le velours de l’accoudoir. Un piètre moyen pour tenter de se maîtriser. Savoir que, à quelques mètres seulement de lui, elle était entièrement nue dans la baignoire…

Non, Scarlett ! Je ne me contenterai jamais d’être votre « ami ». Je réussirai à nouveau à vous faire trembler de plaisir contre moi…

Chapitre 44. A l'Hôtel Willard, s'il vous plait! Mon roman The Boutique Robillard, ma suite d'Autant en Emporte le Vent

 

Après un bon repas où Scarlett se rattrapa de sa diète de la matinée – sous le regard attentif de Rhett à l’affût du moindre toussotement, ils arrivèrent enfin à Washington, à 15 h 45, comme prévu.

Une fois sur le quai de la Baltimore & Potomac Railroad Station, comme à son habitude, Rhett surveilla les réactions admiratives des hommes au passage de Scarlett. Il la tenait fermement par le bras, avec un mélange de fierté et de possessivité.

Il l’avait félicité pour sa tenue du jour : « Quelle classe ! »

Elle le récompensa de son compliment par une pirouette, entraînant avec elle son jupon de multiples volants en organdi aux plis serrés avec une telle sophistication qu’ils avaient nécessité à eux seuls des heures et des heures de travail. La superposition dégradée si subtile de ces épaisseurs de fibres aériennes avait pour effet d’imiter avec sa courte traîne le déferlement des vagues sur le rivage. Le devant de la sous-jupe ivoire témoignait du même travail délicat avec l’application de trois larges rubans plissés tombant de la ceinture. La robe, consistant en un court bustier découpé en biseau sur le ventre, accentuait encore plus la chute des reins en retombant à l’arrière, par un savant découpage, en deux ailes de d’hirondelles s’arrêtant aux pliages d’organdi (*3). Elle s’amusa à les faire se soulever en se tournant avec agilité – et avec des années d’expérience à parader avec coquetterie.

«J’adore ce fin galon de brocart décoré de violettes entourant le damas blanc irisé de la robe. Et ces rafraîchissants rubans mauves rejoignant de part et d’autre chaque aile… Duncan a le talent du grand artiste sachant se renouveler à chaque modèle.»

Encore Duncan, toujours Duncan… Rhett fut à deux doigts de descendre en flèche le travail du soit-disant « Prince de la Mode ». Mais il s’en garda bien. D’abord par stratégie car il fallait jouer ouvertement le rôle de l’ami confident conseiller en mode qu’il avait toujours été avec Scarlett ; ensuite parce qu’elle était adorable dans cette ensemble.

«Je serais tenté de m’interroger sur l’opportunité du blanc virginal de la tunique porté par une séductrice telle que vous, mais il faut avouer que l’alliance des trois couleurs, conjuguée à cette coupe originale, est le symbole même du raffinement d’une Grande Dame du Sud telle qu’elle est fantasmée par les Démocrates de Washington. Vous allez faire des ravages, Très Chère ! Vous voilà prête à monter à l’assaut de la Maison Blanche ! »

Ses fossettes creusées et une dernière pirouette trahirent sa satisfaction à être flattée par le plus grand amateur de mode…. portée sur le corps des femmes.

 

Elle détailla autour d’elle les vastes salles d’attente et un restaurant à l’intérieur de la gare : « Tout a l’air repeint de frais. »

« En effet. La Baltimore & Potomac Railroad Station a été bâtie il y a à peine quatre ans. Lorsque nous sortirons, vous verrez qu’elle a de l’allure avec son architecture victorienne et sa tour. » (*4)

En même temps qu’il lui parlait, il trouva ce qu’il cherchait, un homme tenant une pancarte « Monsieur et Madame Butler, Hôtel Willard ».  Il le héla pour le faire s’approcher.

« Notre chauffeur est là. J’ai loué ses services jusqu’à notre départ demain après-midi. Il nous suivra au gré de nos déplacements. C’est un des privilèges de certains clients de l’hôtel – du moins de ses riches clients.»

Celui-ci se présenta : «Watson, pour vous servir ! »

Ils le suivirent à l’extérieur du bâtiment et Rhett aida Scarlett à monter dans la voiture tandis que Watson chargeait les bagages amenés par le porteur.

Celle qui avait passé son enfance en gambadant sur la terre battue des sentiers de campagne ouvrit de grands yeux en réalisant la largeur impressionnante de la chaussée.

« Nous sommes sur la Pennsylvania Avenue, donc au cœur de Washington, entre la Maison Blanche et le Capitole. Je vous en montrerai un aperçu tout à l’heure. Mais d’abord, allons découvrir notre hôtel.»

D’un ordre bref, il lança : «Watson, au Willard, s’il vous plait ! »

Celui-ci hocha la tête : « Nous y serons dans deux minutes, puisque la gare n’est qu’à quelques blocs de l’hôtel. »

La taille du Willard était impressionnante, faisant le coin de la Pennsylvania avenue et la 14e Rue, jusqu’à s’étirer sur tout le pâté de maisons jusqu’à F Street. Ce n’était pas une construction d’un seul tenant, mais plutôt une adjonction d’immeubles de six étages agrémentés par des restaurants et boutiques au rez-de-chaussée. (*5)

Dès le franchissement de l’accueil, Scarlett apprécia avec satisfaction l’atmosphère de luxe et de confort qui se dégageait de l’endroit.

Rhett et Scarlett se dirigèrent vers le Lobby. Le concierge souhaita la bienvenue à « Monsieur et Madame Butler » : « Thomas va vous guider vers votre suite présidentielle au premier étage. »

Scarlett écarquilla les yeux : « Suite présidentielle ? »

Pendant que le bagagiste s’affairait à charger les valises sur un petit chariot, Rhett répondit – en partie – à son étonnement : « Jusqu’à aujourd’hui, le Willard était célèbre pour être la « résidence des Présidents ». Dans ces fauteuils en cuir confortables disposés dans ce salon, se sont reposés notamment Franklin Pierce, et Abraham Lincoln juste avant son investiture en 1861. Jusqu’à Ulysse Grant dont la distraction préférée est de fumer son cigare en surveillant le travail des lobbyistes !  Pendant la guerre civile, un journaliste a même écrit que le Willard devait être considéré comme l’épicentre de Washington et de l’Union, plutôt que le Capitole, la Maison Blanche ou le Département d’Etat car y gravitait toute l’élite politique, militaire, intellectuelle et journalistique. (*6)

«Si je résume bien votre panégyrique, vous avez décidé de me faire dormir dans un ancien repaire de yankees ! » Elle le dit en plaisantant. En partie seulement, car incidemment des bouffées de souvenirs de cette guerre cruelle surgissaient pour s’évanouir aussitôt. 

Il apprécia avec une moue railleuse son humour belliqueux : «Je ne doute pas que, après notre départ, la suite que nous allons occuper ne sera plus appelée «Abraham Lincoln » parce qu’il y a séjourné, mais vraisemblablement « Suite de Madame Scarlett Butler ».

« A ce sujet… » Elle n’eut pas le temps de s’insurger de l’utilisation du nom propre car le garçon d’hôtel les invitait à le suivre.

 

Aussitôt arrivés dans leur suite, une femme de chambre se présenta, et Scarlett lui demanda d’accrocher ses habits et de repasser sa robe de soirée. Elle en profita pour vérifier sa coiffure et réajuster le petit chapeau de damas blanc coordonné à la robe. La modiste de Duncan avait réussi un coup de maître en intercalant à la composition de minuscules violettes en perles de verre des duvets violettes. Elle se demanda de quel pays lointain provenaient de tels oiseaux exotiques couverts d’un plumage aux reflets d’améthyste. 

Satisfaite, elle vérifia sa mise devant le miroir tout en déposant une once de parfum à la naissance de sa gorge. L’ombre de Rhett s’y reflétait. Comme leurs regards se croisaient, il sembla sortir de sa rêverie :

« Nous avons encore trois quarts d’heure avant notre rendez-vous de 17 heures. Suffisamment pour que je vous fasse découvrir le Mall. »

 

ooooOOoooo

 

Watson commanda à ses chevaux de réduire leur allure afin que ses clients puissent admirer leur environnement.

Au bloc suivant, ils passèrent devant un bâtiment majestueux à colonnes d’inspiration gréco-romaine. « C’est le Département du Trésor » précisa Rhett.

Cela n’affecta pas la touriste d’un jour qui préférait scruter les rangées de maisons de deux ou trois étages de style fédéral dont la Pennsylvania Avenue était bordée. Chaque rez-de-chaussée était occupé par des échoppes qui déployaient leurs auvents de toile colorée.

« Oh ! Il y a des enseignes de commerces bien tentantes. Pouvons-nous nous arrêter pour y jeter un coup d’œil ? Cela ne prendra que quelques minutes. »

Rhett rit de tant de mauvaise foi : « Je crains que votre notion du temps ne soit pas la même ici. Mais, pas d’impatience ! Vous aurez toute la matinée demain pour faire exploser mon compte en banque. »

Elle le regarda de travers, prête à bondir : « Je vous demande pardon, Mademoiselle O’Hara. Il s’agit de votre compte en banque, bien sûr ! »

Scarlett jugea qu’il avait suffisamment compris le message, et regarda curieusement cette ville dont elle avait tant entendu parler.

Ils se retrouvèrent aux abords du fleuve Potomac. Puis un immense monument s’imposa devant eux.

« Je vous présente le George Washington Monument ! »

Chapitre 44. A l'Hôtel Willard, s'il vous plait! Mon roman The Boutique Robillard, ma suite d'Autant en Emporte le Vent

« Ca, un monument ? Si ce n’était la hauteur, cela ressemblerait plutôt à un chantier avec une cheminée de scierie dont la finition a été bâclée. »

Rhett lui lança un clin d’œil taquin : « Votre connaissance en matière architecturale n’aura jamais de cesse de m’étonner. Je regrette vraiment ne pas vous avoir emmenée avec moi en Egypte. Quoique vous ayez partiellement raison : cette tour est censée ressembler à un obélisque égyptien pour évoquer l’intemporalité des civilisations anciennes, en l’hommage de la Nation américaine à son fondateur. Mais cela fait plus de vingt ans que sa construction a été gelée, faute de financement, en plein milieu de son édification. Les travaux se sont arrêtés lorsqu’elle a atteint 40 ou 45 mètres. Mais, peut-être est-ce en l’honneur de votre arrivée dans cette cité – ou plus prosaïquement parce que le Congrès a enfin décidé de lever des fonds publics, que les travaux vont enfin reprendre. Ceci explique les baraques du chantier encore désert avec ses amas de matériaux. Les architectes ont prévus d’en faire le bâtiment le plus haut du monde avec ses 180 mètres. » (*7)

Scarlett resta sceptique sur les qualités artistiques de cette folle entreprise. Tant d’argent pour ça ? Mais elle se garda bien de ne pas partager son commentaire avec « l’égyptologue » qu’était devenu Rhett en un tour de passe-passe.

L’attelage repartait vers l’est.

«Voici qui devrait mieux vous plaire : l’Institut Smithonian. »

C’était un imposant bâtiment en grès rouge de style gothique.

« Avec ses tourelles, on dirait un château. »

« C’est d’ailleurs ainsi que les Washingtoniens l’appellent. Peut-être qu’une princesse guette en haut des remparts le retour de son prince charmant ? A moins que celui-ci n’ait été enfermé dans le donjon par un autre prince jaloux que le couple d’amoureux soit à nouveau réuni… »

« Vous faites preuve d’une imagination d’adolescent, Rhett Butler ! » se moqua-t-elle en riant. Elle semblait ravie : « Quelle belle journée ! Il ne fait pas trop chaud, et j’avoue que cette balade en plein air est bien agréable après avoir été enfermée dans le train. »

Satisfait que son rôle de guide touristique improvisé avait l’heur de lui plaire, il lui désigna trois grands dômes blancs : «C’est le jardin botanique de Washington. »

« Je me demande si Duncan l’a déjà visité. Probablement puisqu’il poursuit la tradition de son père. Aymeric Vayton a érigé à Soft South une magnifique serre. Que dis-je ? Plutôt le plus original jardin d’hiver du Vieux Sud ! »

Comme à chaque fois qu’il entendait prononcer le nom de son rival, Rhett s’irrita : « Depuis quand vous intéressez-vous à la flore ? Ah ! Vous l’avez découvert mardi dernier quand il vous a fait visiter sa plantation ? Ce fameux jour… »

Il n’en dit pas plus, mais cela lui brûlait les lèvres que d’ajouter : ce fameux jour où il vous a passé la bague au doigt…

Scarlett fit mine de ne pas détecter son aigreur soudaine. « Puisque vous allez être à la tête de deux musées, vous seriez ébahi devant la fontaine et le vitrail qui trônent sous le dôme – un style nouveau inspiré des sinuosités de la végétation si je me souviens bien de ses explications. Duncan les a imaginés pour faire plaisir à son père, et les a fait fabriquer par des artistes français, selon ses plans. Malheureusement, le pauvre homme n’a jamais pu les admirer puisqu’il est décédé avant le retour de Duncan. Il aurait été enchanté de constater à quel point les deux œuvres enrichissaient encore plus la splendeur de son « petit paradis » de Soft South, car ils sont une véritable ode aux camélias. D’ailleurs, il y a des camélias partout, surtout des blancs et rouges. On ne voit qu’eux tant ils sont mis en valeur parmi la végétation. D’après lui, c’était la passion de son père. Si j’étais mauvaise langue – ce que je ne suis pas, évidemment, j’en conclurais que cette passion virait à l’obsession.»

Rhett restait silencieux, ne jugeant même pas bon de relever la petite pique d’humour qu’elle lui lançait, si bien qu’elle préféra clore le sujet. 

A la demande de son client, Watson héla les deux chevaux pour les faire s’arrêter.

Sautant prestement du buggy, il prit le coude de sa passagère : « Le Capitole vous attend, Madame ! » et la prit dans ses bras pour la déposer sur la terre battue.

Chapitre 44. A l'Hôtel Willard, s'il vous plait! Mon roman The Boutique Robillard, ma suite d'Autant en Emporte le Vent

Scarlett resta abasourdie, écrasée par le gigantisme du palais immaculé. « Quelle débauche de colonnes grecques ! Et ce dôme ! On se sent minuscule à côté. »

Elle releva un peu plus le bas de sa robe en accrochant l’ourlet à un crochet d’un niveau supérieur pour lui permettre plus de liberté de mouvement, et prit énergiquement la main de Rhett : « Venez ! Grimpons ! Je veux apprécier la vue en haut de la colline du Capitole.»

Emporté par son enthousiasme, il la suivit, pris sous le charme de sa joie juvénile. Une enfant qui gambade par monts et par vaux en haut les collines de Tara, se dit-il, attendri.

Quand ils arrivèrent en haut de la dernière marche, il haletait un peu.

Avec la cruauté d’une jeune femme en pleine forme, elle éclata de rire en se moquant : « Alors, Rhett Butler, vos vieux os ne tiennent plus le choc ? »

Ses joues étaient rosies d’excitation. Des pommes rouges qu’on rêverait de croquer…  

Stimulé par ce défi de prouver à cette beauté conquérante sa bonne forme d’homme d’âge mûr, il la prit par la taille et l’enlaça brutalement avant qu’elle ne puisse réagir.

« Ne me provoquez pas trop, Mademoiselle O’Hara. Sinon, je vous montrerai qu’un vieux briseur de blocus a encore suffisamment de souffle pour vous faire perdre le vôtre – jusqu’au bout de la nuit. »

Envoûté par sa chaleur qui l’irradiait à travers sa chemise, ivre du parfum de sa peau mêlé à celui du gardénia, il perdit toute mesure.

Oubliant qu’ils étaient exposés aux yeux de tous les passants admirant le Capitole, il la colla brutalement contre lui pour qu’elle devinât entre sa jupe la vigueur de son désir ardent.

«Aucun freluquet de votre âge ne pourra vous faire chavirer comme votre vieux mari. » 

Elle essaya de le repousser de toutes ses forces avec ses poings serrés contre ses épaules. C’était peine perdu car ses bras musclés l’emprisonnaient comme des serres. D’autant plus que son corps l’abandonnait, semblant se désolidariser de son esprit et de la nécessité impérative de faire cesser cet engourdissement des sens, – et cette sensation folle de flotter au-dessus de nuages cotonneux alors qu’ils n’étaient simplement qu’en haut de la colline du Capitole. 

La voix rauque, conjuguée à sa violence, accéléra les battements du cœur de la jeune femme. La preuve choquante et troublante de son désir contre son bassin la fit trembler, au point qu’elle s’accrocha à son veston pour ne pas défaillir. Comme la nuit dernière, sans qu’elle puisse avoir une quelconque maîtrise sur son corps, elle ploya à dessein vers lui.

Leurs respirations se précipitèrent à l’unisson.

Ne relâchant pas son emprise, il lui prit le menton du pouce et de l’index pour que leurs bouches ne soient plus qu’à quelques centimètres l’une de l’autre.

Plus rien d’autre n’exista, que ses prunelles dilatées, d’un noir aussi profond que le gouffre dans lequel elle tombait.

A peine audible tant le ton était bas, elle reconnut cette phrase, avec une vague réminiscence : « Regardez-moi dans les yeux, Scarlett ! »

Elle eut une seconde d’hésitation, tant elle était affolée qu’il puisse y lire ce qu’il avait tant cherché – et qu’il ne fallait absolument pas qu’elle libère.

C’est pendant cet interstice temporel que deux femmes mûres, qui avaient commencé à grimper les marches du Parlement, crièrent de concert un « Oh ! » outragé face au tableau décadent d’un couple en posture compromettante. Elles détalèrent aussi vite avec de bruyants mouvements de jupes de cet étalage hallucinant de stupre.

Cela permit à Scarlett de revenir sur terre et de se rendre compte de l’obscénité de leur étreinte publique. Mon Dieu ! Que s’est-il passé ? Mère me renierait tant elle aurait honte de moi… Duncan… C’est lui qui a le droit de m’embrasser ! C’est lui l’homme que je vais épouser ! Et pas Rhett, plus jamais Rhett pour qui je ne suis qu’objet de désir.

Chassant la réalité même de cette folie qui les avait emportés, elle le repoussa fermement de ses deux bras.

Ils eurent grand mal à stabiliser leur souffle. Scarlett avait les joues en feu. Rhett était hagard. Il réajusta discrètement sa tenue.

Pour leur permettre de retrouver leurs esprits, ils feignirent de s’intéresser à la vue qui s’étendait devant eux. 

Chapitre 44. A l'Hôtel Willard, s'il vous plait! Mon roman The Boutique Robillard, ma suite d'Autant en Emporte le Vent

Au bout de la Pennsylvania Avenue, on devenait les contours de la Maison Blanche. A gauche les dômes blancs du jardin botanique transparaissant au milieu de la végétation, et tout au fond le haut des tours du château. Par contre, le Washington monument était à peine visible. (*8)

La seule solution pour faire oublier cette démence était de reprendre une conversation anodine.

C’est Scarlett qui retrouva en premier son sang-froid. Sa voix mal assurée au départ se stabilisa au fil du commentaire : « Vue d’ici, cette Pennsylvania Avenue est ridiculement large par rapport aux petits immeubles qui la bordent. Et comme les abords autour du Capitole sont dénudés !  A part ces deux grandes jardinières en grès et cette statue de George Washington semblant sortir de son bain, posée on ne sait pourquoi en bas des marches, il n’y a aucune ornementation. C’est pour le moins tristounet ! » (*9)

Rhett avait profité de cette digression contemplative pour redevenir maître de ses émotions. 

« Votre critique acerbe de l’art statuaire devrait faire fureur si vous décidiez d’écrire des chroniques dans un journal, car vous avez fait mouche : cette statue de Greenough est moquée par toute la communauté car avoir équipé le grand homme de sandales à la mode grecque est franchement ridicule. Quant au paysage désertique qui nous entoure, il est prévu d’implanter des décorations « majestueuses » comme l’architecte du projet l’a précisé. D’ici un an ou deux, lorsque nous reviendrons en ce lieu, vous pourrez constater les transformations. »

Elle répondit à cette dernière projection dans le temps par un haussement de sourcils. Rhett préféra ne pas l’interpréter comme un signe de scepticisme quant à la probabilité de voyager tous les deux dans l’avenir.  

« Rentrons à l’hôtel. Il est presque 17 heures. On nous attend.»

 

ooooOOoooo

 

Juste avant de pénétrer dans la salle de conférence qu’il avait réservée pour cette réunion, Rhett lui caressa gentiment le dessus de la main : « Cela va être un jeu d’enfant pour vous de les impressionner. D’autant plus que vous avez toutes les cartes en main, puisque vous connaissez leurs petites faiblesses.» lui susurra-t-il à l’oreille.  En effet, la veille, il lui avait montré les fiches qu’il avait élaborées sur ceux qui allaient administrer la riche fondation. Quoi de mieux, pour s’assurer de la fidélité et de l’obéissance de son équipe, que de connaître les petits travers, faiblesses et vices cachés de ses membres ?

Huit hommes se levèrent et saluèrent respectueusement l’apparition du couple.

« Madame O’Hara, voici l’équipe de juristes et d’experts-comptables qui ont été embauchés pour vous assister. Ils suivront à la lettre vos directives et seront responsables de leurs actions auprès de vous.»

Puis se tournant vers les hommes d’affaires anormalement intimidés par cette apparition gracieuse : « Messieurs, je vous présente la Présidente du Fonds de gestion de la fondation Bonnie Blue Butler Arts Museums. Les qualités exceptionnelles de femme d’affaires accomplie de Madame O’Hara, alliées à sa grande expérience de commandement du personnel et d’expertise comptable, sont notre gage de réussite.  Elle va diriger d’une main de maître la fondation. Je compte sur vous pour suivre scrupuleusement ses ordres. »

Si Scarlett fut touchée par le déferlement de compliments sortant de la bouche de celui qui avait passé les quinze dernières années à la critiquer, elle ne le montra pas.

Puis les huit hommes se nommèrent tour à tour, en précisant leurs fonctions précises.

Lorsqu’elle prit la parole, ceux-ci furent certainement étonnés par l’antagonisme entre la frêle silhouette symbolisant le paroxysme de la féminité fragile, avec le ton ferme et décidé de leur supérieur hiérarchique.

«Messieurs, je vous remercie d’avoir fait le déplacement aujourd’hui à Washington. Notre échange sera bref, mais je tenais à ce que la première prise de contact se fasse entre vous tous, en tant qu’entité. Par la suite, nos rendez-vous à Atlanta seront organisés tous les trois mois en fonction des sujets mis à l’ordre du jour et des postes des budgets étudiés. Je tiens à être claire,» – ses yeux d’émeraude toisèrent, un à un, les pauvres employés qui devaient probablement se sentir aussi petits que Frank lorsqu’il devait affronter les ordres de sa femme - «j’exigerai de vous ce qui a toujours constitué ma règle en affaires : le meilleur de vos compétences et une intégrité sans faille envers la Fondation, Monsieur Butler, et moi-même, et ceci dans un but : assurer son succès – c’est-dire le nôtre. Votre tâche se résume en une phrase : maîtriser les coûts avec habileté et optimiser les placements et profits. Chaque mois, vous m’enverrez un rapport synthétisé de trois pages de vos réalisations chiffrées du mois et des propositions d’investissements et de décaissements. Lorsque nous nous rencontrerons à Atlanta, vous me présenterez les livres des comptes et projets de contrats de placements. Monsieur Butler m’a certifié que vous étiez les meilleurs, chacun dans votre domaine. Je suis persuadée que vous en ferez brillamment la démonstration. »

Elle avait fini la dernière phrase en insufflant une once de flatterie, pour adoucir en apparence les exigences tranchantes de son discours. Satisfaite du résultat, elle les gratifia de son plus séduisant sourire commercial pour conclure : « Messieurs, cette rencontre m’a ravie. Monsieur Butler et moi-même devons malheureusement y mettre fin car la Maison Blanche nous attend.»

Sur ce, elle inclina légèrement la tête en signal de départ, alors que ses huit employés se perdaient en courbettes et amabilités.

Rhett lui prit le bras, et elle quitta la pièce aussi majestueusement qu’une reine, sous les yeux des hommes époustouflés.  

Rhett attendit qu’ils se soient éloignés suffisamment pour lui prendre le menton afin qu’elle remarquât ses prunelles pétiller de fierté : «Vous avez été brillante, Scarlett. Comme je m’y attendais. Voilà encore huit pauvres hommes qui deviendront frustrés à vie de ne pas posséder un joyau comme vous ! »

Ce geste éloquent en public n’étonna pas le groom d’hôtel qu’ils croisèrent : Monsieur et Madame Butler étaient, sans nul doute, des époux amoureux.

Jouant des battements de cils tout en ne fuyant pas d’un millimètre les deux feux noirs incandescents, elle répondit : « Aucun homme ne me possède, Rhett Butler. »

Et elle le laissa en plan en plein milieu du couloir.

« Quelle femme ! » ne put-il s’empêcher de constater à haute voix. 

 

oooOOooo

 

Quelques minutes pour se rafraîchir, un court déplacement de quelques blocs en voiture, de multiples barrages de contrôle de sécurité ouverts après avoir montré leurs accréditations, ils se retrouvèrent enfin, à 18 heures précises, à l’intérieur de la Maison Blanche.

Scarlett prit grand soin de dissimuler son angoisse d’être propulsée dans ce centre symbolique du pouvoir des Etats-Unis d’Amérique.  Elle qui, il y a à peine une demi-heure, paradait telle une reine devant ses laquais, se sentit redevenir la petite campagnarde que Mammy grondait parce qu’elle avait souillé l’ourlet de sa robe en caracolant à travers les champs boueux.

Mais, en aucun cas il ne fallait que Rhett se rendît compte de sa faiblesse ! Lui, sûr de lui, semblait naviguer comme un poisson dans l’eau –ou plutôt comme le capitaine à la tête de son bateau - dans ce haut lieu du pouvoir.

Lorsque le huissier leur annonça qu’ils étaient attendus, elle carra les épaules et se sentit prête à conquérir le Monde – ou du moins un de ses représentants. D’autant plus que Rhett passa discrètement sa paume sur le bas de son dos pour la guider – ou peut-être pour l’encourager.

 Lorsqu’ils franchirent le seuil de la porte, Scarlett prit une résolution : faire abstraction des ors et fastes de l’environnement qui pourraient l’intimider, en se concentrant uniquement à charmer leur interlocuteur. Alors, tout devrait bien se passer car c’était un domaine qu’elle connaissait par cœur…

Deux hommes étaient assis sur des sièges confortables. Ils se levèrent à leur entrée.

«Rhett ! Heureux de vous revoir ! » Au lieu d’une poignée de main formelle adéquate dans ce cabinet ministériel, les deux hommes se firent une accolade amicale. Puis l’homme se tourna vers sa compagne : « Madame Butler, c’est un grand plaisir pour moi de vous accueillir à la Maison Blanche. Je chéris le souvenir du jour où vous m’avez fait l’honneur de me recevoir dans votre élégante maison de Peachtree Street. »

Pendant qu’il se baissait pour effleurer le haut de sa main, elle essaya de se rappeler cette rencontre qui n’avait manifestement pas été mémorable pour elle. Pourtant, le vieux personnage sortait de l’ordinaire avec ses cheveux bouclés ébouriffés et sa longue barbe frisottante.

Puis elle eut un éclair de compréhension. Mais bien sûr ! Cet homme avait dû faire partie des Républicains Yankees que son magouilleur de mari avait flattés avant la naissance de Bonnie, en même temps qu’il entraînait Scarlett à perdre sa réputation auprès de la Vieille Garde en introduisant chez eux des Scallawags. 

Pendant qu’elle le remerciait en creusant ses fossettes, Rhett vint à son secours, se doutant bien que le nom d’un de ses nombreux admirateurs était tombé dans l’oubli dès l’instant où la porte s’était refermée derrière lui.

Monsieur Hamilton Fish, notre brillant Secrétaire d’Etat, a réussi à pacifier les conflits internationaux les plus brûlants. (*10) Il est également l’initiateur du traité de collaboration commerciale entre notre pays et le gouvernement français. »

Ayant dressé ce portrait flatteur devant Scarlett, il s’adressa directement à son ami : « Hamilton, laissez-moi vous remercier, au nom de Scarlett et de la mémoire de notre fille, d’avoir fait en sorte d’accélérer l’accord de financement avec la fondation Bonnie Blue Butler Arts Museums. Grâce à votre intervention, l’œuvre des deux musées de Charleston et d’Atlanta au service des Américains est pérennisée pour longtemps. »

« Il était de mon devoir, en tant que représentant du gouvernement Grant, de soutenir votre projet ambitieux de dynamiser le monde culturel en permettant au peuple américain de côtoyer les mystères de l’Egypte immortelle. Et quelle idée révolutionnaire que de nous faire découvrir les nouveaux courants picturaux français ! Cela ne m’étonne pas d’un homme aussi entreprenant que vous, Rhett ! Mais laissez-moi vous présenter celui qui a également œuvré à notre accord de collaboration avec le gouvernement français, Monsieur Elihu Washburne, l’ambassadeur des Etats-Unis auprès de la France. » (*11)

Les yeux perçants et sévères de l’homme aux cheveux filasses se fixèrent sur Scarlett avant de la saluer, comme s’il étudiait un spécimen rare. Rhett se contenta d’une poignée de main et d’un échange de paroles brèves. Manifestement, ils s’étaient déjà rencontrés.

Hamilton Fish demanda à ses trois invités de prendre place autour de son impressionnant bureau en acajou.

« Nous sommes réunis pour apposer nos signatures sur l’accord de collaboration financière, logistique et artistique entre la Fondation Bonnie Blue Butler Arts Museums, d’une part, dont vous Rhett et Madame Scarlett Butler en êtes les co-gestionnaires, et le gouvernement américain du Président Ulysse Grant, pour qui votre modeste serviteur a reçu mandat d’engager notre parole, d’autre part. Monsieur Washburn, ici présent a déjà reçu les signatures de collaboration avec le gouvernement français, sous la présidence du Maréchal Mac Mahon.»

A ces mots, l’ambassadeur sortit de son mutisme, et présenta aux deux visiteurs des actes paraphés et tamponnés. «Après négociation étroite entre Monsieur Rhett Butler et Monsieur William Waddington, ministre des Beaux-Arts du gouvernement français (*12), nous avons obtenu l’engagement du Musée du Louvre d’autoriser l’exportation vers les États-Unis de certaines de ses antiquités égyptiennes, pour une durée déterminée, en vue de leurs expositions exclusives dans les deux musées Bonnie Blue Butler Arts de Charleston en Caroline du Sud et d’Atlanta en Georgie. » 

Scarlett et Rhett prirent connaissance de l’indispensable document.

Hamilton Fish précisa : «En contrepartie de cet accord avec Le Louvre, ajouté aux coûts de location des antiquités, nous nous engageons à ce que le Metropolitan Museum of Art de New York expose ponctuellement ses œuvres d’art au sein du Musée parisien. »

Puis vint le moment solennel où les quatre personnes présentes dans ce bureau de la Maison Blanche apposèrent leur signature pour sceller l’accord qui allait permettre officiellement aux œuvres d’art d’être importées en Amérique.

Les formalités achevées, l’ambassadeur se retira.

« Bien joué, Rhett ! Je me demande comment, par quel tour de passe-passe, vous avez réussi à soutirer de l’Etat Français de si modiques contrat de location pour de tels chefs-d’œuvre ! »

Rhett, complétement détendu maintenant que l’homme austère avait quitté le bureau, sourit et répondit d’un air énigmatique : « J’avais quelques arguments… persuasifs et quelques peu privés… »

Connaissant le milieu dans lequel évoluait le célèbre ancien briseur de blocus, le ministre comprit à demi-mot de quels « arguments » il pouvait s’agir : quelques pressions pouvant être utilisées à l’encontre d’un époux volage et néanmoins détenteur d’un poste en vue. Il s’abstint pourtant de commentaires en présence de Madame Butler – dont Rhett ne lui avait pas caché les liens de mariage officiellement rompus. Quel gâchis ! se dit-il. Cette femme est éblouissante. Et, à la façon dont ce gredin la mange des yeux, il en pense de même. Un mystère de plus qui entoure le Capitaine Butler !   

« Si nous fêtions notre accord ? Madame Butler, puis-je vous proposer un doigt de brandy ? Quant à vous, Rhett, vous allez m’accompagner : un bon whisky hors d’âge s’impose en ce glorieux jour. »

Pendant qu’il les servait, il conclut : « Je suis fier que l’Amérique vous accompagne dans cette passionnante aventure culturelle. Et totalement rassuré par la viabilité financière de ce projet extravagant puisque vous, Chère Madame, dont les qualités de femme d’affaires sont amplement reconnues, veillerez à son excellente gestion comptable. Alors, trinquons ! Aux Bonnie Blue Butler Arts Museums !»

Rhett précisa, la voix grave : « A Bonnie Blue Butler ! » Puis il regarda la mère de leur fille disparue.

Celle-ci murmura : « A Bonnie ! »

Ils s’apprêtaient à prendre congé lorsque l’ami de Rhett demanda : «Vous repartez demain, m’avez-vous dit. Quel dommage ! J’aurais aimé inviter Madame Butler et vous-même. L’occasion se représentera lors de votre prochaine visite à tous les deux, je l’espère. Dans quel hôtel êtes-vous descendus ? A l’Imperial Hôtel, comme à votre habitude, je présume ? »

Il répondit précipitamment, pour couper court à plus d’explications : « Non, au Willard. »

« Excellent choix. Vous savez que c’est l’hôtel de prédilection de notre Président, n’est-ce pas ? »

« Tout à fait. D’ailleurs, je m’attendais presque à le surprendre à fumer son cigare près du Lobby ! »

Après un dernier éclat de rire masculin complice entre les deux hommes, le couple laissa le sympathique ministre à sa gestion des grands événements de ce Monde, et ils quittèrent la Maison Blanche d’un pas plus léger.

 

Chapitre 44. A l'Hôtel Willard, s'il vous plait! Mon roman The Boutique Robillard, ma suite d'Autant en Emporte le Vent

La femme de chambre s’affairait autour d’elle.

Après avoir profité d’un bain relaxant après les émotions de cet après-midi, - heureusement que chacun disposait de son cabinet de toilette dans la suite - Scarlett se laissa brosser les cheveux en donnant à l’employée expérimentée ses instructions afin d’élaborer une coiffure particulièrement sophistiquée.

Au moment de l’habiller, elle exigea de serrer encore plus son corset que d’ordinaire. Quand Rhett m’a rencontrée à Tara, j’avais la taille si fine - se lamenta-t-elle. Mais ces lacets de soie feront leur œuvre pour mettre en valeur mes courbes là où il le faut.

Scarlett sourit devant son miroir pendant que la soubrette finissait de placer son corset : il va falloir que je me décide à retirer de la vente tous les modèles de «Vayton Ready-to-Wear, à force de les porter. On dirait que Duncan les a créés pour moi – alors qu’il ne me connaissait pas, évidemment, à cette époque. Je vais lui devoir une fortune… Si j’osais, peut-être pourrais-je négocier le prix de rachat de certaines pièces pour mon usage personnel… Oserais-je ? Acceptera-t-il ?

La réponse était tellement évidente… Comme Duncan était adorable !

Elle admira le corset dans le reflet du miroir. C’était celui que le Prince de « la Mode Duncan » avait conçu, spécialement taillé à ses mesures, pour le porter sous la fameuse robe Foudre de Georgie.

Scarlett se rappela des explications de Blanche : « Ce modèle est taillé plus bas sous la poitrine que d’ordinaire et cintre les hanches. » Comme pour sa robe de défilé, il était adapté à sa tenue de ce soir car le décolleté du corsage était au moins aussi… généreux que le prestigieux Quinzième Modèle.

Une fois de plus, elle apprécia la sophistication des broderies de fleurs et branchages en fil de soie « permettant de maintenir les baleines dans leur couloir en créant une finition raffinée », comme lui avait précisé la Directrice d’Atelier de la Mode Duncan.

Elle n’avait porté ce sous-vêtement qu’une fois depuis, lorsqu’elle avait paradé sous les yeux de Rhett et d’Ashley en portant la fameuse Foudre de Georgie.  Ce soir… elle avait envie de se sentir sûre d’elle. Pourquoi ? Pour qui ? Elle préféra ne pas préciser sa pensée.

Il fallut ensuite placer judicieusement la tournure légère mais indispensable à cette robe très élaborée.

En contraste avec la sobriété élégante de sa tenue de l’après-midi, la dominante était le rouge. Un rouge profond, aussi satiné qu’une rose en pleine floraison, aussi intriguant qu’une goutte de sang provoquée par une épine.

D’abord le jupon en satin crissant, avec sa juxtaposition de fines dentelles froncées. Puis la jupe, en taffetas brillant, s’arrêtant devant à mi-genoux. La traîne ensuite, attachée juste à la pointe du bustier. Si l’intérieur reprenait le même coloris que l’ensemble, bordé d’organdi fripé en vaguelettes compliquées, le dessus de la traîne tranchait par son taffetas noir. L’originalité de la jupe était rehaussée par des courts nœuds de soie rouge entremêlés aux rubans de soie noire se croisant au bas de la jupe. Seul un artiste de la couture était en mesure de créer un entrelacement si élaboré plaqué sur les hanches.

Mais, indéniablement, c’était le bustier qui avait conquis Scarlett. Ayant découvert dans la serre un pan insoupçonné de la personnalité de Duncan, la passion soudaine couvant sous l’angélisme de ses yeux bleus, elle ne fut qu’à moitié étonnée par ce modèle : un mélange d’innocence et d’érotisme assumé.

Le corsage en organdi était entièrement parsemé de petits fleurs aux pétales rouge sang, bordées de feuilles ovales d’un vert lustré. Scarlett n’en était pas certaine, mais il lui sembla qu’il s’agissait de camélias. Pour accentuer cet aspect champêtre et juvénile, le décollé et les manches étaient garnies d’une fine dentelle.

Mais, car il y avait un « mais » pour que cette tenue ne puisse être portée par aucune des petites filles de la Vieille Garde d’Atlanta : tout d’abord, le décolleté découvrait le haut des épaules, si bien que Scarlett jugea préférable de se tenir bien droite afin de ne pas rendre encore plus éloquente la peau dénudée ; ensuite et surtout, l’artiste avait décidé d’épouser partiellement la toile délicate par un bustier. Sans fioriture. Simplement du satin noir. Mais, quelle coupe moderne et évocatrice ! Tombant bas sur les côtés, il se transformait en deux pointes au creux des omoplates et au bas du dos. Quant à la face de ce petit bout de tissu….  La pointe du bas soulignait son ventre plat, alors que celle du haut suivait parfaitement la forme sous les seins en les séparant en leur milieu.

Cela ressemble à s’y méprendre à un corset ! Heureusement que Mammy ne me voit pas ainsi car elle me séquestrerait en marmonnant qu’il n’est pas décent de sortir en sous-vêtement en public !

Puisqu’elle était toute seule, elle laissa libre court à une mimique coquine.

Scarlett jugea que sa taille n’avait jamais paru aussi fine depuis qu’elle avait repris du poids après sa dépression. Mais j’aurais dû patienter d’être en présence de mon fiancé pour qu’il me voie dans son modèle un peu… osé.

Le souvenir vivace des lèvres chaudes de Duncan sur sa gorge, il y a à peine une semaine sur le canapé du jardin d’hiver, lui fit rosir ses joues. Mais, sans qu’elle n’y prenne garde, d’autres images s’intercalèrent, celle de sa petite chemise déchirée par des mains rapaces et chaudes, celle encore plus improbable de leurs corps se frottant l’un contre l’autre en toute impudence devant un bâtiment public…

La réalisation que chacune de leur confrontation pouvait s’enflammer à tout moment en déchaînement de passion charnelle lui enflamma son sang.

Il ne fallait pas se laisser entraîner vers cette pente dangereuse. Je ne devrais pas mettre cette robe en sa présence. Je vais en changer. J’en avais embarquée une de rechange dans mes valises. Il ne faut pas qu’il me voit ainsi. Pas après ce que je lui ai dit ce matin, pas après ce qui s’est passé il y a une heure… 

Mais la femme de chambre était partie. Et puis, c’était trop compliqué de se changer à présent – même si Rhett lui avait spécifié de prendre son temps pour s’apprêter. Et puis… elle avait envie de s’afficher en rouge. Et puis… elle avait besoin de voir son regard lorsqu’il la découvrirait ainsi… Et puis… finit-elle par conclure, j’ai envie de m’amuser ce soir !

Heureuse d’avoir chassé ses inhibitions démodées, elle décida d’attendre Rhett, bien installée dans un fauteuil du salon privé. Elle chercha vainement un magazine féminin pour se distraire. Frustrée, elle se rabattit sur le journal local du jour.

Elle était toujours plongée dans l’Evening Star quand Rhett sortit de sa chambre. (*14)

Instinctivement elle se leva. Et comprit que, décidemment, sa toilette allait déclencher des réactions, ce soir…

Sa cible de choix, ce séducteur de Rhett, en resta sans voix quelques instants. Suffisamment pour que Scarlett jouisse de sa victoire…

Lui, passé maître en dissimulation de la moindre émotion sous son masque de raillerie, en resta littéralement bouche-bée – et Scarlett eut grand mal à se retenir d’éclater de rire.

Il la détailla de haut en bas, faisant mine de s’attarder sur les entrelacs de rubans, mais ses yeux semblaient rivés à son bustier.

Il est en train de jauger la taille de mes seins, comme au temps où il achetait mes dessous…

Finalement, il abandonna avec regret sa rêverie pour reprendre son air nonchalant. « Ce modèle de robe est… intéressant. Il vous va à ravir ! »

Consciente d’enfoncer une pique qui allait lui déplaire, elle précisa : « Il est vrai que Duncan a une fois de plus fait preuve d’une grande inspiration en créant cette tenue. »

Pour cacher son déplaisir, il bougonna : « Encore lui… » Mais il chassa vite cette contrariété : « Vous allez éblouir le tout Washington ! Allons-y ! »

Pendant qu’elle ajustait l’adorable chapeau coordonné aux tonalités de cette tenue de soirée, Rhett déposa sur ses épaules la fine étole en duvets de plumes d’autruche noires assortie à son éventail, si légère qu’elle ne s’en serait pas rendu compte si ses grandes mains ne s’étaient pas attardées lourdement sur sa peau. Sûre de son effet, elle délaissa le miroir et le reflet du regard brûlant de Rhett.

« Je suis prête ! » Oui, elle était prête à faire la fête !

 

Chapitre 44. A l'Hôtel Willard, s'il vous plait! Mon roman The Boutique Robillard, ma suite d'Autant en Emporte le Vent

Le dîner fut succulent. Rhett lui avait fait découvrir le meilleur restaurant de Washington prisé par la haute société et les hommes politiques. 

Après ces agapes réussies et bien arrosées, il annonça, d’un air mi- séducteur, mi autoritaire : « Vous êtes trop belle ce soir pour vous confiner si tôt dans notre suite. Le Willard donne une réception. Allons danser ! »

D’ordinaire, à cette seule proposition, Scarlett se serait empressée d’accepter. Mais, à la surprise de celui-ci, elle ne montra aucun enthousiasme. «Je préférerais que vous m’emmeniez au Théâtre. »

Il contorsionna ses sourcils de perplexité : «J’avoue que vous me surprenez, mais cela fait partout d’un de vos nombreux charmes. En d’autres temps, vous vous êtes damnée à tout jamais auprès de la Vieille Garde pour une innocente petite danse. » Comme Scarlett lui lançait un regard incendiaire, il gloussa : « Soit, j’avoue avoir un peu contribué à vous indiquer les portes de l’enfer. C’est pourquoi jamais je n’aurais pensé que Shakespeare ou une autre tragédie de cet acabit ferait battre votre petit cœur. Vous restez un mystère pour moi, Mademoiselle O’Hara. Mais, qu’il en soit fait selon vos désirs – comme toujours, » ajouta-t-il plus sourdement.  « Je vais de ce pas me renseigner auprès du maître d’hôtel pour qu’il me procure un journal. Vous choisirez d’après les programmes. »

« C’est déjà fait. » 

Il plissa des yeux, se demandant ce qu’elle mijotait.  

« Allons voir The Black Crook !  J’ai lu dans l’Evening Star qu’il y avait une séance à 21 heures. Nous avons tout juste le temps de nous y rendre. »

Elle s’attendait à le voir agréer avec enthousiasme à son choix. Au lieu de cela, il sembla absorbé dans l’étude d’une gravure murale encadrée près de leur table.

Elle combla son silence inhabituel en précisant : «C’est au National Theater. Il se trouve sur E Street, entre les 13e et 14e rues, d’après l’annonce. Watson n’aura aucun mal à nous y déposer promptement. Vous connaissez l’endroit ?»

«Oui. » Il recommença à scruter la lithographie qui n’avait vraiment rien de passionnant, pensa Scarlett.

Puis il accentua son accent charlestonien traînant, un signe de sa réticence inusitée à se complaire à son choix de distractions. «Ne préféreriez-vous pas aller danser ? D’après le concierge de l’hôtel, le bal est donné en remerciements des riches donateurs ayant contribué au financement des festivités du 4 Juillet. Vous allez pouvoir constater, à cette occasion, que même si les dames de Washington vont parader en exhibant leurs tenues les plus élégantes, vous serez, ma Chère, celle qui va les faire verdir de jalousie. Cet argument seul devrait suffire. Et au diable, le théâtre ! »

«Justement, il y est question d’un diable, ou de Faust, enfin, je ne sais pas exactement. Mais l’intrigue n’est qu’un prétexte. Ce que Taisy m’a raconté…. » - Elle baissa la voix pour que les autres clients du restaurant ne puissent pas l’entendre – «Ce n’est pas une véritable pièce classique comme on la joue à Atlanta. Il y a des décors fantastiques, des chansons et… - cela va vous convaincre d’y courir-, des danseuses en tenue… osée. »

Les beaux traits de Scarlett étaient sublimés par une joie enfantine. Il adore quand je le regarde ainsi… Je vais réussir à le convaincre

En effet, elle ne rata pas le rictus coquin qu’il tenta de masquer. «Des tenues osées ? Vous, Scarlett O’Hara, la fille d’Ellen Robillard, vous compromettre dans un lieu de débauche ? »    

Elle sentit que la rougeur envahissait son cou et ses joues. Sacrebleu ! Il arrivait toujours à lui faire perdre ses moyens ! Mais elle n’en continua pas moins :

« Cessez de me taquiner, s’il vous plait. Cette pièce a eu un succès fou à New York. Taisy et Harry l’ont vue l’année dernière et sont tombés sous le charme. La mise en scène est scandaleuse, d’après ce qu’elle m’a rapporté. Cela ne devrait pas vous déplaire. Figurez-vous qu’elle m’a même appris la chanson titre qui fait fureur. » 

Cette fois-ci elle chuchota quelques paroles en fredonnant, et Rhett en profita pour coller sa joue à la sienne - ce qui la gêna entre plus, d’autant qu’elle ne voyait plus que deux prunelles noires tant il n’était plus qu’à quelques centimètres d’elle.

Mais elle était trop embarquée dans son récit pour s’arrêter : «Taisy et moi avons passé des heures à répéter le texte et la musique. Nous nous sommes amusées comme des enfants. C’est un vrai bonheur d’avoir enfin une amie – bien sûr, ce ne sera jamais comme avec Mellie. En résumé, Taisy va être morte de jalousie si je lui annonce avoir vu cette pièce phénoménale à Washington !»

Se rendant enfin compte que leurs deux visages si proches l’un de l’autre allaient étonner la clientèle distinguée du restaurant, elle se redressa sur la chaise : « S’il vous plait, Rhett, allons-y ! »

Elle savait qu’il allait craquer si elle modulait sa supplication avec un zeste de séduction et de candeur – ce qui avait toujours eu pour conséquence dans le passé de le faire fondre et de l’inonder de bijoux.

En effet. Il secoua la tête en riant, conscient qu’une fois de plus elle avait réussi à le manipuler : « D’accord, j’accepte. A une condition : que vous me chantiez toutes les paroles – à notre retour à l’hôtel, en privé… »

 

ooooOOoooo

 

Auteur : Arlette Dambron.

#autant en emporte le vent, #suite d'autant en emporte le vent, #roman historique, #histoire washington, #whashington en 1875, #hôtel willard, #abraham lincoln, #fanfiction, #scarlett o'hara, #rhett butler, #écrivain, #arlette dambron

 

Chapitre 44. A l'Hôtel Willard, s'il vous plait! Mon roman The Boutique Robillard, ma suite d'Autant en Emporte le Vent

 

Notes sur le chapitre 44 :

Pour voir les illustrations et photographies et écouter les musiques correspondant à chaque chapitre de The Boutique Robillard, visitez mon blog : alarecherchedutempsperdu.overblog.com -  https://alarecherchedutempsperdu.over-blog.com/tag/the%20boutique%20robillard/

 

(*1) Horaires du train direct d’Atlanta à Washington :  Southern Mail N°50 de la Piedmont Air Line Route de la Richmond and Danville Railroad : (*1) Les horaires et gares indiqués pendant ce trajet correspondent à ceux de la Compagnie Richmond and Danville Railroad, sur la ligne Piedmond Air Line d’Atlanta à Washington, en 1882.

Depart d’Atlanta, Georgie: 13h40 – Lula, Georgie, 15h13 – Toccoa, Georgie, 16h25 – Seneca, Caroline du Nord, 17h24 – Charlotte, Caroline du Nord 23h30 – Salisbury, Maryland, 2e jour 1h15 – Greensboro, Caroline du Nord, 3h04 – Danville, Virginie 5h20 – Lynchburg, Virginie, 8h15 Alexandria, Virginie, 14h35 – Washington DC, 15h45.

https://www.davidrumsey.com/luna/servlet/detail/RUMSEY~8~1~24491~900025:The-Piedmont-Air-Line-&-connections

(*2) Je me suis servie ici de mon expérience personnelle : cinq années à m’occuper de mes parents en fin de vie. Ma mère avait tendance à s’étrangler en mangeant sa soupe quotidienne. A chaque fois la même panique, car elle convulsait frénétiquement, tant elle paniquait de ne plus pouvoir respirer. A chaque fois mon père et moi avions la terreur que son cœur ne lâche. A chaque fois, j’arrivais à la « récupérer » avec cette méthode des yeux dans les yeux et respiration partagée. Je ne sais pas pourquoi j’en suis venue à décrire cette scène d’étouffement de Scarlett, totalement imprévue en tapant le paragraphe précédent. Les mystères de l’écriture…

 

(*3) Robe de Scarlett pour sa visite à la Maison Blanche : je me suis inspirée du modèle d’après un dessin de Charles Pilatte pour la Maison Worth,circa 1860-1870 : mon blog : alarecherchedutempsperdu.over-blog.com the boutique robillard chapitre 44 https://alarecherchedutempsperdu.over-blog.com/2022/07/chapitre-44.a-l-hotel-willard-s-il-vous-plait-mon-roman-the-boutique-robillard-ma-suite-d-autant-en-emporte-le-vent.html

https://www.diktats.com/products/dessin-de-charles-pilatte-pour-les-maisons-worth-ou-ghys-circa-1860-1873

 

Si vous voulez en savoir plus sur l’histoire de Washington au XIXe siècle et début 1900, visitez ce blog dans lequel j’ai trouvé une mine d’informations : Streets of Washington, stories and images of historic Washington, D.C. http://www.streetsofwashington.com/

 

(*4) Gare Baltimore & Potomac Railroad Station : construite en 1872, à l’angle de la Pennsylvania Avenue et de la Sixième Rue. The Short-Lived Baltimore & Potomac Railroad Station on the National Mall – source: Boundary Stones - https://boundarystones.weta.org/2016/06/29/short-lived-baltimore-potomac-railroad-station-national-mall

 

(*5) L’Hôtel Willard : l’ancien Willard hotel, tel qu’il est représenté dans ma fanfiction en 1876 : the Willard Hotel in the 19th Century – source: Streets of Washington -  http://www.streetsofwashington.com/2012/07/the-willard-hotel-in-19th-century.html

Et pour ceux qui sont intéressés par le New Willard Hotel construit en 1917 : the rise, fall, and rebirth of the Willard Hotel in the 20th Century – source: streets of Washington -  http://www.streetsofwashington.com/2012/08/the-rise-fall-and-rebirth-of-willard.html

 

(*6) L’hôtel Willard, “résidence des Présidents » - source: the white house historical association -   https://www.whitehousehistory.org/the-willard-hotel

 

 

(*7) George Washington Monument : commencé en 1848, les travaux furent interrompus en 1854, faute de financement privé. Un financement public voté par le Congrès a permis la reprise officielle des travaux en 1876. Les travaux s’achevèrent 1884. Au lieu des 180 mètres prévus, sa hauteur finale fut de 170 mètres – source : National Park Service - https://www.nps.gov/wamo/learn/historyculture/index.htm

Photographie de la reprise des travaux en 1876 :  https://alarecherchedutempsperdu.over-blog.com/2022/07/chapitre-44.a-l-hotel-willard-s-il-vous-plait-mon-roman-the-boutique-robillard-ma-suite-d-autant-en-emporte-le-vent.html

ou

https://www.buzzfeed.com/gabrielsanchez/americas-most-iconic-landmarks-before-they-were-finished?epik=dj0yJnU9dmE4TnVpdnhMSm1ZTm9SYVh2MjNyM2swMGRDemRpZHomcD0wJm49VU5mMGJMQS03VnA3MFpWd1ZON2tFdyZ0PUFBQUFBR0s5a1Nr#.tbmp5OAov

 

(*8) Le Mall photographié en 1870: view of the Mall in 1870 – source: Streets of Washington - http://www.streetsofwashington.com/2015/04/share-your-dc-history-research.html

 

(*9) Le Mall, du Capitole à la Maison Blanche et la statue de Greenborough en 1876: a closer look, facing East from the Capitol, circa 1875 – source: Streets of Washington -   http://www.streetsofwashington.com/2015/12/a-closer-look-facing-east-from-capitol.html

 

(*10) Secrétaire d’Etat Hamilton Fish (3/8/1808 – 7/9/1893) -  En fonction dans le gouvernement Grant, du 17 mars 1869 au 12 mars 1877 – source : https://en.wikipedia.org/wiki/Hamilton_Fish

 

 (*11) Elihu Benjamin Washburne, Ambassadeur des Etats-Unis en France, (United States Minister to France) (23/9/1816 – 22/10/1887)  – en fonction du 23 mars 1869 au 5 septembre 1877-

 

(*12) William Henry Waddington, (1826-1894), Ministre de l'Instruction publique, des Cultes et des Beaux-arts, en fonction sous le Gouvernement de la Troisième République du 9 mars 1876 au 17 mai 1877. 

 

(*13) Robe du soir de Scarlett : modèle de robe paru dans La France élégante, de 1879 -  mon blog, Arlette Dambron, Mémoire de nos Anciens –

 https://alarecherchedutempsperdu.over-blog.com/2022/07/chapitre-44.a-l-hotel-willard-s-il-vous-plait-mon-roman-the-boutique-robillard-ma-suite-d-autant-en-emporte-le-vent.html

 

(*14) Journal de Washington en 1876, l’Evening Star – source:  Library of Congress - https://www.loc.gov/item/sn83045462/1876-07-07/ed-1/

 

 

 Commentaires des lecteurs de fanfiction.net et de archivenonyourown.com sur le chapitre 44


Tru. chapitre 44. 6 Août : Rhett a grossièrement dépassé les bornes, malmenant virtuellement Scarlett. Heureusement, ces deux dames sont arrivées.
Elle a brillamment répondu à l'ancien forceur de blocus qui l'avait cruellement snobée. Refusant catégoriquement de danser avec Rhett, elle s'était clairement arrangée pour assister à la pièce.
Espérons qu'elle repoussera sans crainte les ambitions "en privé" de Rhett ! Peut-être Duncan fera-t-il une visite surprise ?
**  


Invité chapitre 44 . 21 juillet : Je me frotte littéralement les mains en attendant que tous les sales secrets de Rhett fassent surface devant Scarlett. Il a réussi à cacher la plupart de ces choses jusqu'à présent. Et ce qu'il n'a pas réussi à cacher ne semble pas suffisant pour qu'elle mette fin à leur relation une fois pour toutes. Je croise les doigts pour que ce moment arrive.
** 
 Win. chapitre 44 . 21 juillet : Beau, beau chapitre ! Si sensuel. S'il te plaît, quoi qu'il arrive, il doit lui dire qu'il l'aime.
** 
Klen. chapitre 44 . Jul 17 : merci encore une fois pour ce chapitre. c'est excellent comme toujours avec toutes les descriptions du décor et des robes ! Même l'architecture ! J'espère qu'ils vont se retrouver ensemble mais j'imagine que ce n'est pas si facile.
**
Scarl. Ao3 sur le chapitre 44, 17 Jul 2022 : La pauvre Scarlett est encore un peu incertaine, ou peut-être peu confiante, quant à ses véritables sentiments. Heureusement, elle est toujours une femme de son temps et ouverte à expérimenter de nouvelles choses. Elle sait que Rhett aime cette spécificité chez elle. Donc, comme pour Ashley, j’ai l’impression que Scarlett est inconsciemment victime de Duncan qui profite d’elle pour caresser sa vanité et son propre ego glorifié. Bien que je pense que l'ego de Rhett est énorme, ses intentions et son amour pour Scarlett sont de nature vrais--- je ne suis pas sûre de pouvoir en dire autant de Duncan. Duncan n'a jamais vraiment souffert dans la vie comme Scarlett et Rhett, mais son besoin de dessiner et de créer uniquement des objets de beauté semble jouer dans son désir de faire de Scarlett la sienne, mais seulement pour l'amour de l'artifice et non pour le véritable amour. J'ai hâte de voir comment vous allez écrire tout ça.
**  
 Missc. chapitre 44 . 17 juillet : Oh, mon Dieu, peut-être que Rhett a l'habitude de rester à l'Imperial avec un membre féminin de l'équipe du Black Crook ? Je vais devoir relire, cela fait un peu de temps, je pourrais être avoir mal compris ... tout simplement charmant, comme toujours.
** 
Invité chapitre 44 . 17 juillet : Je suis frustré que le chapitre prenne autant de temps mais quand il arrive, WOW, la quantité d'effort est sublime. Inutile de dire que je l'ai adoré. J'ai été un peu surprise que le bracelet n'ait pas fait une apparition aux réunions ou à la soirée. Je suis si heureuse que Scarlett ait dit à Rhett qu'elle allait se marier et ait marqué sa fidélité en face Rhett. Le fait qu'elle l'apprécie en tant qu'"ami" pique les yeux, et j'espère sincèrement qu'il n'y a pas d'autres squelettes dans le placard de Rhett (ne voulant délibérément pas rester dans son hôtel habituel), c'est inquiétant. Elle ne tolérera plus de tromperie de sa part !
**
Miss. Ao3 sur le chapitre 44, 15 Jul 2022 : Rhett m'a fait tellement rire quand il a dit : " Peut-être une princesse guette-t-elle, du haut des remparts, le retour de son prince charmant ? A moins que celui-ci n'ait été enfermé dans le donjon par un autre prince, jaloux que le couple d'amoureux soit à nouveau réuni.... "
Mais ce que j'ai préféré dans ce chapitre et probablement dans toute cette histoire, c'est quand Rhett l'a attrapée et a dit toutes ces choses audacieuses sur le fait de lui faire perdre son souffle🤣 puis qu'il a eu l'audace de la presser tout contre lui pour qu'elle se rende bien compte qu'il n'était pas ‘si vieux’ après tout 🤣.
Je suis encore plus confus après ce chapitre. Pourquoi devais-tu me faire ça ?
Oh et comment oublier quand Scarlett a mentionné au tout début que la seule raison pour laquelle elle a répondu « physiquement » à Rhett de cette façon était parce que Duncan l’avait « éveillée », oh mon Dieu, morte de rire. Je sais que Rhett était content qu'elle ait mentionné sa période d’abstinence. Cela a dû être un soulagement pour lui de savoir que Duncan ne l'avait pas fait *ahem* Parce que, même s'il a supposé qu'ils n’étaient pas passé à l’acte, je sais qu'il avait encore des doutes.
Et je sais aussi pourquoi tu as écrit la scène où Scarlett s'étouffe, du moins la raison que j'ai supposée en la lisant. C'était pour leur donner un moment d'intimité malgré les choses que Scarlett a dites littéralement juste avant que cela n'arrive.
**  
Invité chapitre 44 . 15 juillet : Oh mon Dieu ! C'était chaud, mais tellement fidèle à leurs personnages...
Rhett doit lui dire la vérité ce soir ou il sera trop tard pour eux !
Maintenant... est-ce que Scarlett va danser le french cancan ?. Ahhaa. Eh bien... c'est possible... compte tenu du fait qu'elle a chanté dans la calèche dans le roman de Margaret Mitchell. Ahha ! oh... quelle scène « chaude » cela peut engendrer... !
Mais s'il vous plaît... ne la faites pas aller trop loin... Scarlett doit être capable de se respecter elle-même, elle doit aussi respecter Duncan et lui parler en premier !
La seule chose qui m'effraie est... pourquoi ils ne sont pas restés dans l’Hôtel Impérial comme Rhett le fait toujours, et pourquoi il est contre le spectacle ?
J'espère qu'il n'y aura pas trop de secrets sombres de Rhett vis à vis de Scarlett. Elle a subi assez d'humiliation pour le moment...
J'espère vous revoir bientôt car il y a quelque temps je commençais à penser que vous aviez abandonné votre histoire ! S'il vous plaît continuez ! C'est magnifique !
** 
Invité chapitre 44 . 15 juillet : 
Oh... et j'oublie de vous remercier pour le lien vers votre blog, maintenant je ne lirai que là, c'est incroyable avec toutes tes photos ! Merci !
**
Jad. chapitre 44 . 15 juillet : Vous savez vraiment comment écrire pour susciter une attente impatiente de ce qui va se passer ensuite.


 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article